HISTOIRE DU C.E.G. d'ALLEGRE

 

LA SCOLARITÉ à ALLEGRE

(d'après les archives retrouvées)

En 1833, la loi GUIZOT créait l'Enseignement Primaire. L'instruction populaire était jusque là négligée, 25 000 Communes étaient sans écoles. GUIZOT, en développant l'instruction pensait préserver les classes populaires des doctrines révolutionnaires.

"Toute Commune devra entretenir au moins une école élémentaire".

Dès 1833, session du 12 mai, le Conseil Municipal de la Commune, présidé par M. HARENT Joseph, Maire depuis le 30 septembre 1830, en remplacement de M. GRELLET, s'intéresse à l'instruction élémentaire, "bienfait inappréciable dans les campagnes", "moyen d'adoucir et de former les moeurs des habitants d'une commune", "seul système pour leur apprendre l'obéissance aux lois et les devoirs envers la société", et vote la somme de 200 Francs (Budget de 1834) pour le traitement d'un instituteur primaire, souhaitant par la suite pouVoir augmenter "cette faible rétribution" due à "l'extrême gêne" des finances communales, rétribution que l'administration supérieure fixe elle-même à 400 Francs.

En novembre 1834, le sieur TERLE Pierre exerce depuis deux ans dans la commune, "réunissant les qualités et capacités suffisantes", "s'étant toujours bien conduit" et méritant le choix du Conseil pour être l'instituteur communal. Le principe de la construction d'un bâtiment communal à la suite de la Halle au blé, avec logement de l'instituteur et salles pour les enfants qui y viendront journellement, est adopté ; mais l'exécution en est renvoyée, la commune ayant à payer la dépense de la reconstruction de l'église (22 600 Francs) qui tombait de vétusté.
La rétribution scolaire mensuelle que les élèves paieront à M. TERLE, breveté, est fixée à :
- 1 franc pour la lecture seulement,
- 2 francs pour la lecture et l'écriture,
- 3 francs pour lecture, écriture, arithmétique, géographie et grammaire française.
Douze élèves indigents de 8 ans et plus y seront admis gratuitement suivant décision du Conseil Communal.

Le 5 décembre 1837, la commune acquiert, au centre de la ville, la maison de M. HARENT Gustave, pour la somme de 5 400 Francs, afin d'y installer la Mairie, la Justice de Paix et l'Ecole, le loyer actuel exigeant 150 Francs annuellement.

De 1833 à 1860, quatre instituteurs communaux seulement se succèdent à ALLEGRE sans interruption notable dans le service : TERLE Pierre (1833 - 1844) - POUZOL Claude (1844 1852) - AUDIARD Jean François (1852 - 1857). - BONNEFOUX Jean Baptiste (1857 - 18 ) pendant que, au cours de la même période, Messieurs HARENT Joseph, notaire (1830 - 1836) - GRELLET Jean Claude, docteur en médecine (1836 - 1844) - PAUL Henri, notaire (1844 - 1848) - LEGAL de NIRANDE, propriétaire (1848 - 1860) président aux destinées de la commune.

Parallèlement au service scolaire de l'instituteur communal, en 1855-1856, le Conseil Municipal traite avec les Religieuses de St-François, dont l' Association est autorisée à ALLEGRE depuis 1817, en vue de la construction d'une salle d'asile dans laquelle les religieuses donneront une bonne éducation première aux enfants, moyennant 200 Francs de traitement, non compris la rétribution mensuelle des enfants non indigents. En 1856, Frédéric LEGAL de NIRANDE, Maire, nomme une religieuse de l'ordre de St-François sous-directrice de la salle d'asile, M, l'Inspecteur d'Académie étant chargé de l'exécution du présent arrêté.

En 1853, l'instituteur reçoit 200 Francs de traitement, 40 Frs au titre de supplément de logement et une rétribution mensuelle de 1,50 Fr par enfant.

D'importantes créations de services marquent également cette période, plus particulièrement de 1845 à 1848.

Ce sont :

- l'ouverture du bureau de distribution des Fostes, le 17 novembre 1842 ;

- la création du bureau de l'Enregistrement, le 1er janvier 1845 ;

- un poste de cantonnier sur la route ALLEGRE - FIX-ST-GENEYS, le 12 mai 1846, au salaire de 360 Francs ;

- une brigade de gendarmerie en février 1848.

LA 3ème REPUBLIQUE et la QUESTION SCOLAIRE

La situation de l'école est florissante puisque un adjoint apparaît avant l'avènement de la 3ème République. Ce dernier est payé par la Commune, le Département et l'Etat.

En 1874, l'instituteur reçoit :

- fixe : 200 Frs

- rétribution scolaire : 399 Frs

- indemnité, communale : 401 Frs soit 1 000 Frs (minimum légal). La commune ne peut plus payer l'adjoint.

En 1877, le Directeur MAISONNEUVE permet à l'école d'ALLEGRE de s'inscrire au premier rang, avec mention très bien et première médaille de vermeil au concours du PUY. L'Ecole est si florissante que le Conseil Municipal demande 100 Frs d'augmentation pour le Directeur et une subvention pour l'adjoint.

En février 1877, il est question de reconstruire ou de construire une maison d'école communale. Dès 1878, l'architecte LECULE présente plans et devis qui, ne réunissant pas la majorité du Conseil, sont soumis à une enquête de "Commodo et Incommodo". En 1879, l'emplacement de la Maison d'Ecole est l'objet d'âpres controverses. L'enquête a désigné l'emplacement de l'ancienne Maison Commune qu'on reconstruirait, mais le Conseil qui s'estime souverain, désigne l'emplacement des "Côtes" (ou le " Pradoux") entre la Mairie et la route. D'où la nécessité de l'achat du pré GIRAUD DUFOUR de 20 ares 32 pour 4 206,2 Frs, soit 2,07 Frs le mètre carré. La séance du Conseil Municipal est orageuse et deux conseillers plus six des "plus forts imposés" quittent la salle, la majorité faisant front et maintenant sa décision, Ce serait une dépense de 42 000 Frs environ, la Mairie et la Justice de Paix étant prévues dans le bâtiment à construire. Un passage relierait la haute-ville à ce bâtiment.

A la séance du 1er octobre 1879, plans et devis sont prêts : 43 400 Frs dont :

- passage : 3 400 Frs

- subvention escomptée : 15 000 Frs

- emprunt à la Caisse des Ecoles : 16 000 Frs (en 30 annuités).

La vente de trois parcelles communales a été repoussée.

L'adjudication a lieu le dimanche 15 août 1880.

- En 1881, modification de la toiture qui sera à 4 pentes ;

- En novembre 1883 : demande d'achèvement des travaux formulée :

- en décembre 1883 ; réception des travaux ; -

-  Le 15 septembre 1884, le Directeur FOURNIER fait en Mairie une demande d'ouverture d'internat ;

- En 1888, un atelier de travail manuel est créé ;

- En 1894, demande d'un deuxième poste d'adjoint ;

- En 1906, nécessité d'un troisième poste d'adjoint ;

- En 1908, un quatrième maître à l'école et ...

...CREATION du COURS COMPLEMENTAIRE

(M. FAYET, Directeur )

Les traitements des maîtres passent peu à peu à la charge du département et de l'Etat ; la rétribution scolaire décroît pour s'annuler en 1886 ; cette année là, la dépense de l'instruction primaire s'élève à 3 500 Frs, dont 1 200 Frs au directeur et 700 Frs à l'adjoint.

On trouve dans les archives communales moins de traces de l'enseignement libre qui se développe parallèlement. Le 22 septembre 1878, DIDER J.B. devient directeur de l'école des Frères de l'Instruction Chrétienne et ouvre un pensionnat en octobre 1878. En 1879, SERVE Antoine lui succède. En 1881 DAMON Joseph qui a exercé 10 ans comme instituteur communal à ST-GERMAIN LEMBRON prend la direction et demande au Conseil, le 27 février 1881, à être reconnu comme directeur de l'école communale (rejet à l'unanimité).

Sous la 3ème République : la difficile implantation de l'école, publique de filles à ALLEGRE.

En 1877, l'Inspecteur d'Académie indique par lettre, au Conseil Municipal que les Religieuses de St-Dominique dans leur bâtiment pourraient donner l'instruction aux jeunes filles et se charger de l'école publique : Rejet très net de l'Assemblée.

En février 1881, M. le Préfet rappelle la création obligatoire d'une école communale de filles lors que la population dépasse 500 âmes et promet une subvention. Il existe depuis longtemps trois écoles libres de filles à ALLEGRE et c'est suffisant : Religieuses de St-François, de St-Dominique, Ecole du Quartier de l'Hôpital (Ste-Croix).

Après beaucoup de palabres, le 31 décembre 1882, le Conseil Municipal autorise M. le Maire à chercher un local dont le loyer sera payé par l'Etat : 1ère victoire !.

Il faudra tout de même attendre 5 années pour l'ouverture qui ne survient que le 1er octobre 1887 dans un local loué 470 Francs par an.

Le 31 octobre 1897 l'architecte JURAN présente un plan de construction de l'école de filles qui constituera, avec l'école de garçons, un GROUPE SCOLAIRE. L'entreprise FILLERE d'ALLEGRE obtient l'adjudication de la construction qui devra être terminée fin juillet 1889 : ( 20 Frs par jour de retard). Mais en raison de la négligence de l'entrepreneur les travaux mal exécutés et inachevés nécessiteront la création d'une commission de réception provisoire du Groupe Scolaire qui conclue : "mauvaises fournitures et malfaçons". L'Architecte JURAN meurt entre temps, en 1902 sa veuve réclame encore les honoraires de son mari défunt. Manquent encore en 1903 : les portails, les piliers de pierre, le parachèvement du mur de clôture.

Ainsi peu à peu, Ecole de Garçons (1884), Ecole de Filles (1900), Mairie, Justice de Paix, Classe enfantine (1896) arrivent à se caser dans le groupe scolaire. Mais chacun s'y sent à l'étroit. Des indemnités de logement sont payées aux maîtres. En 1908 une quatrième salle est créée au cours Complémentaire.

Le 9 août 1905 a lieu au Palais de Justice du PUY la vente aux enchères du bâtiment et des dépendances de l'ancienne Congrégations des Frères du Sacré-Coeur du Paradis. Le Conseil Municipal pense l'acquérir afin d'y créer une école primaire supérieure de filles, mais de nombreuses surenchères l'én. empêcheront. Les projets caressés s'envolent, ALLEGRE n'aura pas son école primaire supérieure et les écoles publiques resteront à l'étroit.

A la suite de pétitions d'habitants une école est ouverte à Menteyres en 1881 puis à Sassac en 1886. Des constructions neuves seront terminées en 1898 à Menteyres et en 1906 à Sassac (la vente de bois communaux et des souscriptions permettront le paiement de ces travaux).

Du fait de l'absence d'archives je ne pouvais poursuivre plus avant mes recherches, aussi ai-je cru bon d'aller interroger M. CHOSSEGROS, ancien élève, ancien professeur et ancien directeur du C.E.G.

Jusqu'en 1908, date de création du C.C., M. FOURNIER et Melle FOURNERY, chacun dans leur classe primaire (Cours Moyen - Fin d'études), prenaient en charge quelques élèves qu'ils préparaient au B.E. et à l'Ecole Normale.

Le maître devait réaliser de véritables prouesses dans sa classe de 40 élèves, pour parvenir à s'occuper à la fois de ceux qui passaient le certificat d'études et de ceux dont le Brevet et le concours d'entrée à l'Ecole Normale étaient l'objectif principal.

En 1908, le C.E.G. est ouvert par M. FAYET, y entrent les élèves (garçons) possédant le certificat d'études primaires, 30 à 40 enfants dans une classe unique préparent le B.E. et l'Ecole Normale.

En 1921, M. CHOSSEGROS, alors instituteur à ALLEGRE depuis 1919 dans la classe Cours Moyen - Fin d'études entre comme maître-adjoint au C.E.G. et se partage dorénavant l'enseignement avec M. le Directeur. Entre temps (1919) Mme CHOSSEGROS recréa dans sa classe Cours-Moyen - Fin d'études (filles) une section préparant au B.E. et à l'Ecole Normale.

Puis vint la guerre.

En 1924, M. FOUILLIT succédant à M. VALLA prit la direction du C. E.G. En 1927, il fut décidé le mixtage du C. E.G. et les élèves furent répartis dans deux classes. Mme CHOSSEGROS vint comme maîtresse adjointe au C.E.G. et fut chargée de la surveillance morale des filles par M. l'Inspecteur d'Académie, car c'était le premier C.E.G. mixte de la Haute-Loire - ALLEGRE fut d'ailleurs le premier C.E.G. de la Haute-Loire, en effet il en existait un autre à BRIOUDE, mais ce dernier ne recevait que les filles.

Trois maîtres s'occupaient de l'éducation des enfants - une soixantaine environ - jusqu'en 1932, date à laquelle Mme CHOSSEGROS quitta le C.E.G. pour prendre en charge le Cours Élémentaire (elle n'assurera plus alors que les cours de musique et de couture au C. E.G.).

En 1933, après le départ de M. FOUILLIT, M. CHOSSEGROS fut nommé directeur et s'acquitta de cette tâche pendant un an. En effet, devant le travail surhumain qu'il avait (surtout à cause de l'internat), il décida d'abandonner ce poste et demanda son changement. Il fut nommé maître à l'école d'application du Moulin Pataud au PUY et Mme CHOSSEGROS directrice de l'Ecole Jeanne d'Arc au PUY, mais ne voulant pas quitter ALLEGRE ils refusèrent. M, CHOSSEGROS redevint maître adjoint au C. E.G. et M Mme CHOSSEGROS reprit le cours Elementaire.

Ce fut M. SABY qui assura la direction pendant un an, puis en 1935 M. CHARREYRE lui succéda. Au départ de ce dernier M. CHOSSEGROS redevint directeur du C.E.G. et M. DEPLAGNE nommé à ALLEGRE se chargea de l'internat. En 1951 M. et Mme CHOSSEGROS prirent leur retraite à ALLEGRE. A cette époque il y avait toujours deux classes mixtes, mais trois maîtres, en effet un professeur d'anglais avait été nommé, MM. DE PLAGNE, GRANET et FAURE devaient par la suite assurer la direction et l'internat du C.E.G. en le développant puisqu'aujourd'hui il compte 6 classes et 7 maîtres.

Avant de conclure M. CHOSSEGROS tient à attirer mon attention sur ce qu'était la vie des internes lorsqu'il était élève, c'est-à-dire jusqu'en 1914. Tous les élèves internes devaient apporter ce dont ils avaient besoin pour se nourrir à midi et le soir.

M. CHOSSEGROS m'a également indiqué l'emploi du temps d'une de ces journées :

- de 5 à 7 heures : étude à laquelle internes et externes étaient tenus d'assister ;

- 7 heures : déjeuner ;

- de 7 à 8 heures : les élèves préparaient leur repas de midi épluchaient leurs légumes (le plus souvent des pommes de terre) afin que Mme FAYET puisse les faire cuire pendant la matinée

- de 8 à 12 heures : cours du matin ;

- 12 heures : déjeuner ;

- de 13 h 30 à 16 heures : cours de l'après-midi ;

- de 16 à 17 heures : corvée d'eau ; les élèves se rendaient à Fonteline (source distante de 600 m) avec des seaux afin de ramener toute l'eau nécessaire à la consommation et à la toilette. Cette eau était entreposée dans un grand tonneau qui se trouvait dans la cour. Chaque matin, avant le lever des internes, M. FAYET remplissait les cuvettes d'eau pour permettre à ses élèves de se laver. Cette corvée avait lieu toute l'année et souvent en hiver il fallait casser la glace pour prendre l'eau nécessaire.

D'autre part, les 40 internes qui couchaient sous le toit étaient contraints de coucher à deux, faute de lits et aussi pour se réchauffer.

M. FAYET s'occupait avec sa femme de l'internat, il assurait toutes les promenades, faisait la classe même le jeudi matin et n'avait que très peu d'heures de libres.

On le voit, depuis 50 ans, les conditions n'ont guère évolué : les internes sont tout aussi mal logés (sans chauffage, sans toilette), le Directeur s'acquitte de tâches tout aussi nombreuses et variées qu'en 1914, les locaux sont ce qu'ils étaient avec les années en plus et sans aménagement depuis.

* Je terminerai cet historique en rappelant que de nombreux instituteurs, inspecteurs primaires, ingénieurs, docteurs, agrégés, directeurs d'école, commerçants ou artisans, agriculteurs et ouvriers de la région, y ont reçu un enseignement dont tous reconnaissent la valeur. Nombreux sont ceux qui, sortis du C.E.G. d'ALLEGRE, ont gardé le souvenir d'une école ou l'on obtenait de bon résultats parce qu'il "se faisait du bon travail".

* Rappelons simplement ces années avant 1935 où pendant trois ans de suite ALLEGRE fournit le premier au concours d'entrée à l'Ecole Normale et où le Cours Complémentaire présentait avec succès 3 à 7 élèves au Concours d'entrée à l'Ecole Normale par an.

 

Le RECRUTEMENT

 

Voici un tableau indiquant la nature du recrutement des enfants du CEG.

 

tableau1

 

D'après le tableau nous remarquons que les enfants d'agriculteurs sont de plus en plus nombreux :

- 42 en 1959
- 51 en 1960
- 57 en 1961
- 62 en 1963
ceci provient du fait que le recrutement se fait essentiellement sur deux cantons, celui d'ALLEGRE et celui de la CHAISE-DIEU qui sont essentiellement agricoles. Très peu de ces élèves sont du bourg même, puisque seulement une dizaine de fermes subsistent encore dans ALLEGRE. Pour la plupart les garçons sont internes et les filles internes-externées (l'absence d'un internat de filles oblige les parents à chercher une chambre dans le bourg avec tous les inconvénients que cela comporte).

Par contre, dans les classes primaires il y a peu d'enfants d'agriculteurs car le recrutement se fait dans le bourg, au plus dans la commune (les enfants étant amenés par le ramassage scolaire).

Nous trouvons ensuite les enfants d'ouvriers auxquels on peut adjoindre ceux des cadres moyens. La Commune d'ALLEGRE de par l'implantation d'usines, perd de plus en plus son caractère agricole. Quelques petits villages (Menteyres, Chateauneuf) deviennent des villages dortoirs. Les petits agriculteurs abandonnent leur exploitation, louent ou vendent leurs terres à un plus gros propriétaire, puis vont travailler à ALLEGRE (le mari à la scierie, la femme à l'usine de chaussures). Chaque soir, ils rejoignent leur maison ; quelquefois même abandonnant tout ils habitent à ALLEGRE pour avoir leurs enfants avec eux jusqu'à 15 ou 16 ans.

Peu à peu les Communes du Canton se dépeuplent tandis que celle d' ALLEGRE voit sa population croître.

tableau2

Il faut également remarquer que les enfants des commerçants et des artisans sont peu nombreux si l'on pense qu'il y a près de 100 personnes qui paient une patente à ALLEGRE. Ces gens là pour la plupart, ont leurs enfants dans un établissement scolaire du PUY ou bien à ALLEGRE dans les écoles libres. Il faut souligner que ces dernières offrent plus de sécurité et d'hygiène que le Groupe Scolaire actuel. On peut également penser que si les industriels, les professions libérales et les cadres supérieurs de la cité n'ont pas leurs enfants à l'école laïque, l'état actuel des locaux y est pour beaucoup.

Après avoir vu la nature du recrutement, nous allons regarder d'où proviennent les enfants qui entrent au C.E.G. soit au niveau de la sixième, soit au niveau d'une autre classe.

A ALLEGRE même, l'école dispose de deux classes primaires :

- une Cours préparatoire - Cours Elémentaires, et

- une Cours Moyen - Fin d'Etudes.

La première (40 mètres carrés) est située hors de l'école, à 150 mètres, dans la Mairie, en raison de l'exigüité des locaux ; l'autre ( 48 m2) est au rez-de-chaussée dans le Groupe Scolaire actuel.

Ces deux classes ne sont composées que de garçons, car il existe une école de filles située à l'aile gauche du bâtiment actuel.

Au niveau du Cours Moyen deuxième année, dix à quinze élèves (filles et garçons) rentrent en sixième. Le complément est apporté par les Communes du Canton et par les cantons les plus proches :

tableau3

 On ne peut pas dire que le recrutement se fait localement, le rayonnement du C.E.G. s'étendant assez loin du chef-lieu de canton.

 carte1

Autour d'ALLEGRE il existe d'autres groupes Scolaires importants : CRAPONNE, LA CHAISE-DIEU, LANGEAC, PAULHAGUET, LE PUY. Dans chacun de ces cantons un C.E.G. fonctionne, malgré cela les enfants habitant à la limite du Canton d'ALLEGRE viennent en classe dans cette localité.

Origine des élèves

tableau4

 

Ce tableau nous montre que le canton de la CHAISE DIEU fournit chaque année un nombre important d'élèves. Ceci provient du fait que de nombreux villages sont situés en bordure du canton d'ALLEGRE et y sont rattachés économiquement. D'autre part, la CHAISE-DIEU ne possède qu'un C.E.G. avec internat de filles ce qui explique que seuls les garçons viennent en classe à ALLEGRE.

Deux autres cantons dans lesquels il n'existe pas de C.E.G. fournissent quelques élèves, il s'agit de LOUDES et de ST-PAULIEN. Peu éloignés d'ALLEGRE, ces cantons approvisionneraient le Groupe Scolaire si celui-ci était susceptible de recevoir les enfants dans de bonnes conditions.

Le canton de PAULHAGUET fournit de moins en moins d'élèves, car un C.E.G. y fonctionne depuis quelques années. CRAPONNE, LANGEAC, LE PUY n'apportent que quelques éléments isolés, des C.E.G. pouvant recevoir les enfants (filles et garçons) dans d'assez bonnes conditions.

En résumé, on peut donc dire que le recrutement extérieur au canton d'ALLEGRE se fait surtout sur la CHAISE DIEU (où il n'y a qu'un C.E.G. internat (filles)), mais il ne fait aucun doute qu'il s'étendrait au canton de LOUDES (sans C.E.G.) et de ST-PAULIEN (où il n'y a qu'une sixième ) si le Groupe Scolaire était en mesure de les y accueillir.

Il faut également remarquer l'absence d'élèves filles venant d'autres cantons, ceci est dû au fait qu'il n'y a pas d'internat de filles au C.E.G. et que les parents hésitent à louer une chambre pour leurs enfants chez des particuliers.

 

carte2

 

courbe-effectifs

 Evolution du Groupe

Le graphique ci-dessus nous montre quel est depuis 1959, l'état des effectifs du C.E.G. Nous remarquons que les filles constituent 30 à 35 % du nombre total des élèves contre 65 à 70 % aux garçons. L'absence d'internat de filles explique cette différence.

On notera la croissance des effectifs jusqu'en 1961, à cette époque une classe fonctionnait à mi-temps au réfectoire et 28 élèves étaient entassés dans une pièce de 17 m. sur 11 m. les dortoirs étaient plus que complets. 1961 coincidera avec l'ouverture d'une usine de chaussures. Les installations devenant de plus en plus mauvaises, du fait de l'arrivée de quelques familles dans le canton, le directeur voulant éviter les accidents graves a refusé quelques élèves ce qui explique la légère baisse dans les effectifs.

1 - Les Garçons

Chaque année l'internat de garçons reçoit 47 internes, nous verrons plus loin dans quelles conditions. L'exiguité des locaux ne permet pas d'en recevoir davantage.

Voici d'ailleurs un tableau nous montrant la qualité des élèves garçons depuis 1959.

 tableau5

Il faut noter que 50 % des élèves garçons du C.E.G. sont des internes, Les externes, enfants du bourg, ne constituent que 25 % de l'effectif garçons. (Une école libre de garçons allant jusqu'au B.E.P.C, existe à ALLEGRE). Les demi-pensionnaires sont des enfants de la commune de MONLET ou de CEAUX-d' ALLEGRE qui rentrent chez-eux le soir. Les internes-externés sont des élèves qui n'ont pas trouvé de place à l'internat au début de l'année scolaire.

2 - Les Filles - Il n'existe pas d'internat.

 

tableau6

Au sujet des demi-pensionnaires filles on peut faire la même remarque que pour les garçons, les externes sont des filles du bourg (il existe également une école libre, avec internat, allant jusqu'au B.E.P.C.). Par contre, le nombre des internes-externées est beaucoup plus élevé. Les parents qui tiennent à ce que leurs enfants fréquentent le C.E.G. sont contraints de chercher en ville des chambres. Cependant, depuis trois ans les chambres sont de plus en plus rares et les parents de plus en plus hésitants. Il est en effet guère rassurant de laisser sa fille de 11 à 16 ans, seule le soir dans une chambre hors de l'école, sans surveillance.

Effectifs classe par classe depuis 5 ans

 

 Classe de sixième

tableau7

 

Classe de cinquième

tableau8

 

En 1961, 1962, 1963 la classe de 5ème est dédoublée

Ces deux années constituent le cycle d'observation sont bien approvisionnées. A ce stade, déjà s'effectue une première sélection parce que certains enfants, du fait qu'ils atteignent 14 ans, délaissent l'école pour aller travailler à l'usine. D'autres s'en vont dans d'autres établissements (Iycée d'Etat ou Technique, Centre d'apprentissage, etc..)

 Classe de quatrième

 

tableau9

 

 

Classe de troisième

 tableau10

 

Classe de troisième spéciale

tableau11

En 1960, la classe de quatrième fut dédoublée.

En troisième spéciale, les élèves y préparent le concours d'entrée à l'Ecole Normale ainsi que les concours administratifs (P et T. S.N.C.F.).

Ainsi chaque année cinq à six classes fonctionnent et il n'y a qu'à regarder les chiffres pour constater que les effectifs sont importants. Chaque début d'année scolaire, nombreux sont les élèves qui ne peuvent être reçus, faute de place.

Tout laisse à penser que dans des conditions de travail meilleures les élèves seraient en nombre supérieur. et si la concurrence peut s'enorgueillir d'avoir une école de filles avec plus de 30 élèves, dont 35 internes et une école de garçons avec 40 élèves, dont 20 internes, elle le doit seulement à cet état de choses, car nombreux sont les parents qui préféreraient mettre leurs enfants à l'école laïque et qui sont contraints de les laisser à l'école libre celle-ci leur offrant plus de sécurité et d'hygiène. Cette remarque étant surtout vraie pour les filles. Il y a aussi un certain nombre de parents d' ALLEGRE qui ont leurs enfants en pension au PUY ou ailleurs et qui seraient tout disposés à les avoir près d'eaux si l'école laïque leur offrait des locaux propres et adaptés à notre époque.

Influence de l'économie d'ALLEGRE

En ce qui concerne les moyens de communication, ALLEGRE dispose d'une gare S.N.C.F. sur la ligne LE PUY-VICHY et le PUY-CLERMONT via PONT de DORE, Aussi le canton de LA CHAISE-DIEU, et les communes de MONLET, VERNASSAL, CEAUX d'ALLEGRE sont desservies deux fois par jour par l'autorail. Il est également relativement facile d'aller à CLERMONT par BRIOUDE et PAULHAGUET, une correspondance étant assurée à DARSAC deux fois par jour avec la ligne LE PUY-CLERMONT-PARIS via ST-GEORGES d'AURAC.

Au sujet du réseau routier, aucune nationale ne passe par ALLEGRE, cependant, il est facile de se rendre par la route dans tous les chef-lieux de cantons environnants par des routes départementales en très bon état. Un service de cars journalier relie dans les deux sens et deux fois par jour - LA CHAISE-DIEU au PUY par ALLEGRE.

ALLEGRE n'est pas un bourg isolé, il est situé à 25 kms du PUY, routes et rails le relient facilement aux cantons de la CHAISE-DIEU et de ST-PAULIEN en particulier.

Du point de vue économique si le bourg d'ALLEGRE perd de plus en plus son caractère agricole, il n'en n'est pas de même pour les hameaux de la commune et encore moins pour les communes du Canton. Les petites exploitations disparaissent peu à peu au profit des plus grosses. Ainsi chaque village voit le nombre d'agriculteurs décroître. Seules trois, quatre ou cinq fermes subsistent et les agriculteurs travaillent dans de meilleures conditions. L'ancien paysan, s'il ne quitte pas son village travaille à ALLEGRE et revient chez lui chaque soir.

 carte3

Mais ceci n'est valable que pour les villages peu éloignés du bourg. La plupart des paysans qui quittent la terre viennent avec leur famille habiter à ALLEGRE ; leurs enfants iront à l'école sur place et eux travailleront à l'usine ou dans les chantiers.

Il faut ici faire une remarque assez étonnante : ces mêmes parents qui avaient leurs enfants à l'école laïque communale dans leur village, n'hésitent pas, dès leur installation à ALLEGRE à les mettre à l'école libre. On peut interpréter cet état de fait de la façon suivante : habitant ALLEGRE, pour eux la petite ville, ces agriculteurs déchus, croient accéder à un rang social plus élevé en mettant leurs enfants à l'école libre, depuis longtemps fréquentée par "Les Gens Bien", pensent-ils ; elle sera plus adaptée pour leurs enfants.

A ALLEGRE, nombreux sont ceux qui se classent parmi les gens bien" parce que les enfants vont à l'école libre, les parents à la messe, parce qu'ils vivent dans un appartement convenable, ou bien parce qu'ils possèdent une voiture. (pour la plupart, intérieur et voiture ne sont pas payés, mais seule "la façade compte" et "classe son homme") !!!!

Voyons maintenant quelles usines sont susceptibles d'embaucher ces agriculteurs qui abandonnent la culture. Les femmes ont la possibilité de travailler à l'usine de chaussures RABERIN ouverte depuis 1961. Plus de 50 ouvrières aidées d'une vingtaine d'hommes confectionnent chaque jour plus de 4 000 paires de chaussures. Certaines d'entre elles peuvent, pour cette même usine, travailler à la maison. Quant aux hommes, ils sont embauchés dans les quatre scieries qui occupent respectivement : MM. CHARRETIER Alfred - 50 ouvriers ; CHARRETIER Jean - 50 ouvriers ; AMPILHAC - 30 ouvriers ; FARGETTE, 15 ouvriers.

ALLEGRE devient depuis plusieurs années une petite citée industrielle où les ouvriers constituent la classe la plus nombreuse. Ces ouvriers (anciens agriculteurs, italiens, espagnols, etc...) viennent ici car ils y trouvent, du travail, des écoles et des logements. Cependant, il faut bien reconnaître qu'ils ont de plus en plus de peine à trouver des appartements dans le bourg même, aussi doivent-ils souvent aller habiter dans un village proche du bourg ou dans les communes les plus rapprochées du chef-lieu (Menteyres ; 3 kms, Chateauneuf : 1 km, Monlet : 4 kms).

Les ouvriers savent qu'il y a un C.E.G. ou leurs enfants pourront rester jusqu'au B.E.P.C., malheureusement toutes les demandes ne peuvent être retenues, aussi les écoles libres profitent de l'aubaine et récupèrent de plus en plus des enfants qui ne leur étaient pas destinés. (Dans de telles conditions il est d'autant plus difficile de défendre l'école laïque).

Au cours de l'étude sur les effectifs du Groupe Scolaire, nous avons remarqué le nombre sans cesse croissant des fils d'agriculteurs. Ceci s'explique du fait "qu'agricolement" les parents sont attirés vers ALLEGRE. En effet, chaque mercredi a lieu le marché aux veaux, porcs, bovins ; les agriculteurs du canton ainsi que ceux des Communes limitrophes amènent le produit de leurs fermes pour le vendre aux marchands venus du PUY, de BRIOUDE, de PAULHAGUET, de ST-PAULIEN, de LA CHAISE-DIEU, et à certains commerçants du bourg. Par la même occasion les parents qui ont leurs enfants en classe en profitent pour leur rendre visite, la maman achète les fournitures nécessaires tandis que le père achète ce que son exploitation réclame en engrais, matériel, carburants, etc...

Enfin, tous ces gens savent qu'ils trouvent en plus de nombreux commerçants, deux médecins, un dentiste, un pharmacien, un notaire, un vétérinaire, la perception, etc... De ce fait ALLEGRE est un bourg où les habitants du canton se rendent fréquemment, car ils sont sûrs de trouver sur place ce dont ils ont besoin.

On peut donc affirmer que si ALLEGRE disposait d'un Groupe Scolaire susceptible de recevoir dans de bonnes conditions un plus grand nombre d'élèves (filles et garçons) les parents seraient les premiers à s'en féliciter. Le fait que leurs enfants soient en classe dans cette localité leur permet de trouver, au hasard de leur visite, les produits et le matériel qu'ils peuvent avoir besoin.

Le bourg d'ALLEGRE, par son marché, par ses usines en plein essor, par la vitalité de son commerce, pas son accessibilité, par l'importance qu'il tient dans la vie du canton, du fait que toutes les professions libérales y sont représentées, est à même de justifier la construction d'un important Groupe Scolaire vers lequel, la grosse majorité des enfants du canton, serait aiguillée.

Etat actuel 1963 - 1964

Cette année le C. E.G. a reçu 128 élèves, ceux-ci sont répartis en 6 classes :

Sixième Moderne

Cinquième Moderne plus Cinquième Transition

Quatrième Moderne

Troisième Moderne

Troisième Spéciale

L'internat de garçons est composé de 47 garçons 20 garçons et 22 filles sont externes.

Chaque jour 67 garçons (internes, 2 pensionnaires, internes externés) et 19 filles mangent à l'école.

Les cantons approvisionnant le groupe sont :

ALLEGRE (55 garçons et 40 filles)

LA CHAISE-DIEU : 13 garçons

ST-PAULIEN : 5 garçons

PAULHAGUET : 5 garçons

LOUDES : 3 garçons

CRAPONNE : 2 garçons

La seule langue vivante enseignée est l'anglais.

Que deviennent les élèves du CEG ?

Au niveau de la troisième, les élèves préparent le B.E.P.C., ceux qui sont reçus peuvent, s'ils le désirent, suivre une année supplémentaire ( 3ème spéciale) au terme de laquelle ils préparent le concours d'entrée à l'Ecole Normale ou les concours administratifs. Certains élèves au niveau de la Quatrième ou de la Cinquième et ceux de Fin d'Etudes passent le Certificat d'Etudes Primaires.

Voici les résultats des Examens en 1962 et 1963

 tableau12

Ceux qui obtiennent le B.E.P.C. se dirigent plus souvent vers un Lycée d'Etat vers dun Lycée Technique. Les élèves qui abandonnent au niveau de la troisième ou en cours de scolarité (dès qu'ils atteignent 14 ans) s'orientent vers :

- l'agriculture : 9 en 1963

- l'industrie : 10 en 1963

- des activités salariées : 3 en 1963

- ou restent chez eux : 5 en 1963

De plus en plus les enfants qui ne parviennent pas à obtenir le B.E.P.C. rentrent à l'usine : la perspective d'un salaire mensuel, même s'il est faible, leur donne l'impression qu'ils pourront "voler de leurs propres ailes".

* En conclusion nous pouvons dire que tout justifie la construction d'un groupe scolaire neuf à la mesure d'ALLEGRE et de notre temps. Par le rôle social et économique qu'il joue et qu'il jouera, ce Groupe peut permettre au pays de se développer et d'instruire sainement ses enfants. Malgré tout le dévouement et le courage de ceux qui en font sa renommée, le C.E.G. actuel sera, dans de brefs délais complètement inutilisable. Pour éviter une catastrophe et pour défendre l'école laïque, ce projet à l'étude depuis 12 ans doit trouver une issue favorable dans l'année 1964. Tous ceux qui souhaitent cette réalisation savent qu'il ne manquera pas de parents désireux d'y mettre leurs enfants le jour où il y aura une école vaste, propre et bien équipée pour les recevoir.

ETAT ACTUEL DES LOCAUX

Les BATIMENTS et LES CONDITIONS de TRAVAIL

 

photo1-porte-entree

le Groupe Scolaire vous accueille !..

Les Bâtiments

Le Groupe Scolaire d' ALLEGRE est situé à peu près au Centre du bourg, on y accède très facilement bien qu'il se trouve en nette surélévation par rapport à la route principale.

photo2-groupe-scolaire

Le groupe par rapport au bourg

 

Plan vue de face - groupe-scolaire

On peut distinguer trois parties :

- le bâtiment central à deux étages plus grenier et

- deux ailes de part et d'autre.

* L'aile droite abrite différentes classes du C.E.G. au premier étage et au-dessous, le préau des garçons.

* L'aile gauche est composée du minuscule préau et de la classe enfantine au rez-de-chaussée.

Au premier étage nous trouvons les appartements de la Directrice de l'école de filles et de son mari, instituteur à l'école primaire de garçons.

Le bâtiment central se compose de :

- au rez-de-chaussée : la classe du Cours Moyen - Fin d'Etudes et d'un dortoir de 18 lits, d'un couloir avec des lavabos ;

- au premier étage : de deux classes du C.E.G. (le bureau du directeur, en même temps salle des professeurs, salle de classe de l'école primaire de filles

- au deuxième étage : appartement du Directeur - cuisine - réfectoire.

- au grenier : dortoir de 29 lits. (sous le toit)

Nous verrons plus loin dans quel piteux état se trouvent ces locaux.

 De l'extérieur, l'ensemble des bâtiments aux murs décrépis et sales fait penser à tout, sauf à un Groupe Scolaire où 270 élèves sont accueillis.

photo3-groupe-scolaire

Bâtiment central et aile droite

Examinons successivement chacune des parties de ce Groupe Scolaire.

Les Cours

Dans la cour réservée aux garçons (350 m2) ils sont 150 élèves à s'y retrouver aux heures de récréation. S'il pleut, un préau récemment bétonné doit abriter tout ce monde. Il est alors impossible aux élèves de jouer, ils doivent attendre de bout la fin de la récréation et que le temps revienne au beau pour avoir la possibilité de s'amuser.

Quant à la cour des filles, élèves du C.E.G. et des classes primaires, doivent rester ensemble. Leur préau de 38 m2 pour 120 élèves ne peut être utilisé que par les petits de la classe enfantine et par les filles des classes primaires en temps de pluie.

Dans de telles conditions c'est un miracle qu'il n'y ait pas eu plus d'accidents : petits enfants piétinés par les grands, chocs au cours des jeux. Faut-il par temps de pluie, ou par temps froid, supprimer les quelques minutes de récréation pourtant si nécessaire, il semble que ce soit là la seule solution possible si l'on veut éviter aux enfants de prendre mal.

 

 photo4-preau

 Le préau de la cour des garçons

 Par temps chaud sur ces cours en terre battue, les enfants s'amusent dans la poussière, par temps de pluie ce sont les flaques d'eau, voilà les quelques minutes de détente et d'oxygénation offertes par la récréation.

 photo5-cour

La cour les garçons, au fond à gauche les W. C.

  Dans chacune des cours quatre W.C., on ne peu plus archaïques et sales malgré des nettoyages fréquents n'ont de W.C. que le nom : aucune bouche d'aération, nettoyage difficile, portes en bois fermant mal, pas de W.C. pour les professeurs.

Les Salles de Classe

Cinq classes au premier étage sont occupées par les élèves du C.E.G. et au rez-de-chaussée une salle par les élèves du Cours Moyen et Fin d'Etudes. Les filles de l'école primaire sont réparties en deux classes dans l'aile gauche du bâtiment, au premier étage, ainsi que ceux de la classe enfantine.

En raison du manque de place deux classes fonctionnent en dehors du Groupe Scolaire.

Ce sont :

- la classe du Cours préparatoire et Cours Elémentaire (30 élèves) dans une salle de la Mairie, et

- la classe de Perfectionnement créée depuis la rentrée scolaire dans un local au centre de la localité.

Exception faite pour ces deux dernières qui se trouvent dans des locaux neufs et relativement spacieux, toutes les autres classes sont en mauvais état et trop petites. Celles du C.E.G. sont toutes les unes à la suite des autres ce qui entraîne beaucoup de va et vient à la fin de chaque cours (chaque maître doit traverser toutes les classes pour revenir dans la salle qui leur est réservée) ainsi qu'aux récréations.

Une des classes : la cinquième A a été aménagée dans un couloir où 20 élèves sont entassés dans une pièce de 17 m2, mal éclairée. Tables, bureau du maître, tableaux, armoires de rangement ne sont que matériel vieux et usé ; les murs sont délabrés, le chauffage est assuré par des poêles à charbon qu'il faut recharger pendant les cours et dont les tuyaux suspendus font songer plus à un taudis qu'à une école, les planchers vermoulus menacent de craquer a différents endroits.

 

photo6-salle5A

Cette salle de classe aménagée dans un couloir est cette année la 5ème A, 17 élèves seulement !! y sont entassés il y en a eu jusqu'à 28 en 1961.

 

Ci-dessous la classe de 4 ème

photo7-salle-4eme

 

Ci-dessous la classe de 6ème

photo8-salle-6eme

 Voilà le décor charmant où 130 élèves doivent travailler. A une époque où l'on cherche la couleur des murs, des tableaux, le cadre idéal pour que l'enfant soit enclin au travail, il est impensable que de tels locaux existent.

L'internat

Comme nous l'avons vu précédemment il existe au C.E.G. un internat de garçons - 47 élèves sont reçus, voici dans quelles conditions.

 

Les Réfectoires

Chaque jour 95 enfants mangent à midi et 75 le soir. Il existe trois réfectoires : un pour les garçons,

un pour les filles, un pour les garçons et les filles. Inutile de dire que tous sont coude à coude dans des pièces nullement destinées à être des salles à manger. Il est difficile sinon impossible de circuler quand tous sont assis.

Les repas sont préparés dans la cuisine de l'appartement du Directeur par sa femme sur un fourneau bien trop petit. Tout cela exige des prouesses tant pour la préparation des repas que pour le service.

En effet que de couverts à mettre, que de vaisselle et de nettoyage entraînent 170 repas par jour.

L'ensemble fourneau - cuisine (0,72m²)

En pénétrant dans cette cuisine on a peine à s'imaginer qu'un si petit fourneau, même au rouge comme il l'est souvent, puisse chauffer un nombre aussi important de repas, et pourtant !!!!!

 photo9-fourneau

 

Les dortoirs

Ils sont au nombre de deux et ne sont pas chauffés.
Les 40 internes qui couchent sous le toit sont contraints de coucher à deux, faute de lits et aussi pour se réchauffer.

Le plus ancien, aménagé dans ce qu'on appelle le grenier, abrite 29 élèves

photo10-dortoir-grenier 

photo11-dortoir-grenier

photo12-dortoir-grenier

   Une des quatre ouvertures de 60 /40 cm qui éclairent le dortoir.

Les lits sont serrés les uns contre les autres, il n'y a qu'un étroit passage entre les rangées. Les élèves disposent d'armoires en planches pour ranger leur vêtements, celles-ci sont d'ailleurs assez éloignées de certains lits. Ce dortoir de 88 m2 est éclairé par de minuscules ouvertures de 60 cm sur 40 cm au nombre de huit. A aucun moment de la journée le soleil ne pénètre dans ces pièces, l'aération est pratiquement inexistante. Il n'y a pas de toilettes, ni d'issue de secours, ni de chauffage (à ce sujet, en hiver, de nombreuses bouillotes sont préparées par la femme du Directeur).

Inutile de parler des plafonds, des murs, des planchers, ils sont tous en piteux état après 80 ans d'existence.

photo12-dortoir-rez-de-chambre

Le dortoir du rez de chaussée : les enfants  ne peuvent pas circuler entre les lits.

 

photo13-dortoir-du-bas

Le dortoir du bas : Les internes doivent aller au WC dans la cour. Ils sont d'ailleurs à 1 m du sol en enjambant les fenêtres

Le dortoir du bas, aménagé dans une ancienne salle de classe au rez-de-chaussée permet à 18 élèves de dormir dans des conditions tout aussi déplorables. Il est cependant mieux éclairé mais n'a toujours pas de W.C.

Pour la toilette, les conditions n'ont guère évolués depuis 1914, il faut aller dans le couloir où 8 robinets et un lavabo commun permettent aux enfants de se laver.

La salle d'eau du Groupe Scolaire actuel

photo14-lavabos

Cet endroit est situé dans l'entrée des bâtiments en hiver l'eau y gèle comme dehors.

Les internes qui couchent sous le toit doivent descendre 3 étages pour venir se laver. Le couloir que l'on aperçoit permet d'accéder à  à toutes les classes et à toutes les salles du groupe.

Les douches sont absentes, d'ailleurs comment existeraient-elles puisque tout le bâtiment est chauffé par une dizaine de poêles à charbon.

Il faut également parler de la vie des internes et des demi-pensionnaires. Depuis 1961 seulement, un surveillant d'internat seconde M. le Directeur. Les filles demi-pensionnaires quittent l'école après le repas du soir jusqu'au déjeuner du matin. Elles couchent chez des particuliers ce qui n'est pas sans poser de nombreux problèmes de surveillance et de sécurité.

Pendant les heures d'études filles et garçons sont répartis dans deux salles, il n'y a qu'une seule personne de disponible pour les surveiller.

Les internes n'ont pour foyer et salle de jeux que la cour ou une salle de classe quand il pleut.

Chaque jeudi et dimanche, le maître d'internat et M. le Directeur assurent les promenades.

Telle est la vie de ceux qui vivent dans ce Groupe Scolaire. Dans des locaux trop vieux et non étudiés pour recevoir tout ce monde. Tous se sentent à l'étroit. Filles et garçons travaillent dans un climat d'insécurité, dans des salles trop exigües et souffrent de plus en plus de cet état de fait.

Que penser à notre époque de ce Groupe Scolaire préhistorique où aucune règle d'hygiène ne peut être appliquée faute d'infirmerie ; où une même classe sert de salle d'étude, de salle de classe, de salle de réunion, de cinéma, de bibliothèque, de foyer.

Devant tout cela on comprend que certains souhaitent depuis douze ans déjà la construction d'un groupe scolaire neuf. Faudra-t-il attendre une catastrophe pour obtenir les crédits nécessaires et émouvoir ces Messieurs de PARIS.

 

Entrevue avec M. le DIRECTEUR

Pour conclure cette étude j'ai pensé que personne ne pouvait être mieux placé que le Directeur lui-même pour me donner les renseignements les plus précis sur l'urgence extrême de la construction d'un Groupe Scolaire.

Depuis de nombreuses années il signale les dangers qu'il y a à continuer la classe dans de telles conditions:

En 1959 - "La construction d'un groupe scolaire important avec internat (garçons et filles) s'impose avec une urgence accrue. Cette année 20 garçons ont du être refusés à l'internat, faute de place. De plus, les classes, dans leur presque totalité, ne peuvent recevoir davantage d'élèves. Elles ont atteint leur capacité "maximum".

En 1961 - "Les installations sont des plus mauvaises ; une classe fonctionne à mi-temps au réfectoire ; une classe de 17 m sur 11 m est occupée par 28 élèves. Les dortoirs sont bondés - "nombreux refus au début de l'année scolaire"- une usine de chaussures est construite amenant de plus en plus d'enfants"

En 1962 - Le C.E.G. menace ruine ; dans de très brefs délais il sera complètement inutilisable. Le projet en cours d'études devrait pouvoir être subventionné assez tôt pour que la construction commence au cours de la présente année scolaire".

M, le Directeur, les professeurs, les parents d'élèves et les élèves eux-mêmes souhaitent ardemment voir sortir de terre un Groupe Scolaire neuf susceptible de recevoir toutes les demandes et où les élèves auront toutes facilités pour travailler.

 

M. le Directeur me fait part de ses fonctions.

 

Jugez-en :

- Directeur,

- Econome,

- Professeur (2 décharge de classe : 12 heures),

- Maître Jacques à midi,

- Administrateur (comptabilité),

- surveillant des études, tous les soirs, des promenades (dimanches et jeudis),

- Responsable de l'Amicale Laïque,

- Responsabilité de diverses Commissions Départementales.

Je suis me disait-il "un homme en proie aux enfants, ma vie familiale disparaît totalement pendant les périodes scolaires",

Après avoir vu les conditions de travail, nous comprenons M. le Directeur et nous vous croyons quand vous nous dites que vous aimez les enfants, et votre métier.

Pour ma part je conclurai en louant le courage et le mérite de M. le Directeur et aussi celui de sa femme qui, chaque jour, dans sa petite cuisine, prépare avec tant d'amour les 170 repas qui font oublier à sa nombreuse famille le lit froid de la veille, l'eau glacée du matin ou bien cette vie d'interne mal logé.

 

Le projet de construction

 

A la demande de M. l'Inspecteur de l'Enseignement Primaire, la Municipalité d'ALLEGRE a bien voulu étudier le problème posé par l'état désastreux du Groupe Scolaire et le principe de la construction d'un groupe neuf a été retenu le 10 octobre 1951. Après un accord entre elle et un architecte M. CHARGUERON le programme des travaux a été établi. Cette pièce a permis de demander l'inscription du projet sur la liste départementale des constructions dès 1952.

En 1956 ALLEGRE a obtenu le n° 1, mais il faut faire une évaluation exacte des frais et de ce que la commune pourra verser. M. L'Inspecteur demande de hâter l'étude du projet car d'autres constructions risquent de distancer celle d'ALLEGRE.

Voici les différentes solutions envisagées :

1 - Surélévation du bâtiment actuel (rejetée, insuffisante solidité des murs) ;

2 - Construction d'un Groupe Scolaire sur un terrain situé près de la Gare (11 classes plus 1 salle de travail manuel, 1 salle d'enseignement ménager, deux préaux, 2 cours 2 dortoirs, 2 réfectoires, cuisine, deux logements scolaires). Le bâtiment actuel sera alors transformé en logements pour les adjoints ;

3 - Construction d'une école de garçons sur le terrain de la gare (7 classes, plus 1 salle de travail manuel, 1 salle d'enseignement ménager, 1 préau, 1 cour, 2 dortoirs, 1 cuisine, 2 réfectoires, 1 logement). Le bâtiment actuel étant réservé à l'école de filles et à des logements pour les adjoints. 

4 - Construction d' Un Groupe Scolaire sur un terrain communal situé à proximité immédiate de l'école actuelle (11 classes plus 1 salle de travail manuel, 1 salle d'enseignement ménager, bureau, 2 préaux, 2 cours) le bâtiment actuel étant alors transformé en internat (2 dortoirs, 2 réfectoires, 1 cuisine) et en logements scolaires.

Cette dernière solution avait été retenue à condition :

- que la municipalité puisse faire acquisition des parcelles de terrains nécessaires à l'implantation du Groupe,

- que les travaux de terrassements et de transformation du bâtiment actuel ne soient pas d'un coût trop élevé.

Cependant, après quelques échanges de correspondance entre M. l'Inspecteur, M. le Directeur et la Municipalité, il fut décidé que le projet n° 2 était le meilleur.

Le 25 octobre 1957, le programme des travaux était le suivant :

- 4 classes au C.E.G.

- 3 classes primaires pour les garçons,

- 3 classes primaires pour les filles,

- 1 classe Enfantine,

- 1 classe de travaux manuels (garçons)

- 1 classe enseignement ménager,

- 1 préau 300 m2 pour les garçons,

- 1 préau 300 m2 pour les filles,

Un de ces préaux pourra se fermer par des chassis vitrés afin de devenir la Salle des Fêtes,

- 7 W.C. pour les garçons

- 8 W.C. pour les filles,

- 6 W.C. pour la classe enfantine,

- 1 dortoir de 40 places pour les garçons avec annexes ( vestiaires, lavabos, W.C.),

- 1 dortoir de 30 places pour les filles avec annexes,

- 1 réfectoire pour les garçons ( 40 m2),

- 1 réfectoire pour les filles (40 m2),

- 1 cuisine,

- appartement du Directeur entre les deux dortoirs,

- infirmerie et une salle d'isolement,

- 1 cour pour les garçons (700 m2),

- 1 cour pour les filles (700 m2),

- 1 bureau du Directeur,

- 2 terrains d'éducation physique.

 

Le 23 février 1958, M, LACROIX DOMANGE est désigné officiellement, après accord entre M. l'Inspecteur d'Académie et la Municipalité d'ALLEGRE, comme architecte.

Le 29 janvier 1959, M, l'Inspecteur demande le relevé du plan cadastral montrant l'implantation du Groupe Scolaire actuel et l'emplacement du terrain à acheter pour l'envoyer au Ministère.

Le 21 avril 1959, M. le Ministre de l'Education Nationale écrit à M. le Préfet en lui confirmant qu'il a reçu le programme du Groupe Scolaire d'ALLEGRE (C.E.G. mixte et internat) et qu'il donne avis favorable sous réserve de modifications :

- supprimer une salle de classe et ajouter à l'internat un foyer de 40 m2 pour garçons et un foyer identique pour les filles à prendre sur une partie des préaux ;

- prévoir qu'un seul terrain d'éducation physique au lieu de deux ;

- construction de 12 classes ne permet de subventionner que la construction de 4 logements.

L'architecte doit donc établir son avant-projet compte-tenu de ces observations.

Le 4 février 1959, le rapport justificatif suivant avait été adressé au Ministère de l'Education Nationale par M. l'Inspecteur d'Académie.

 

1 - Situation actuelle

 

1- Bâtiments

 

Le Groupe Scolaire devient de plus en plus insuffisant.

Des solutions de fortune sont envisagées pour accroître une augmentation des effectifs.

- transformation du préau en classe enfantine ;

- aménagement de réfectoire et de plusieurs salles de classe dans les logements scolaires ;

- installation de dortoirs dans les greniers.

 

a) - Rez de chaussée

 

- 1 classe primaire de garçons, vaste, mais obscure

- 1 classe enfantine, trop petite, humide et sombre

- 2 préaux exigus, mal aérés et pratiquement inutilisables au point que, par mauvais temps, les enfants sont réduits à passer les récréations dans les salles de classe.

- 2 cours trop petites,

- 1 dortoir de 15 lits, installé dans une ancienne salle de classe.

 

b) - au premier étage

- 1 classe C.C. assez vaste, mais mal éclairée,

- 4 classes en enfilade (2 classes C.C et une classe primaire). Trois d'entre elles ont une surface réduite.

- 1 réfectoire très insuffisant, imposant un double service,

- l'appartement du Directeur serait convenable si la cuisine n'était pas utilisée comme cuisine de l'internat,

- l'appartement de la Directrice se compose de 5 pièces très petites et mal conditionnées,

- 2 classes primaires de filles, l'une d'elle est installée dans un ancien couloir, l'autre de dimension normale a un éclairage défectueux.

 

c) - au deuxième étage

Le dortoir aménagé dans un ancien grenier héberge plus de 20 garçons, la surface et la hauteur de cette pièce n'est pas règlementaire, les conditions d'hygiène sont déplorables, l'air et le soleil ne pénètrent que par des lucarnes.

Le Groupe Scolaire ne possède ni salle de travail manuel, ni salle d'enseignement ménager, ni infirmerie, ni salle d'isolement. Le C.C. reçoit pourtant plus de 40 internes et deux cours post-scolaires fonctionnent dans ses locaux.

L'internat est réservé exclusivement aux garçons, et les filles qui fréquentent le Groupe Scolaire sont obligées d'aller coucher chez des particuliers, ce qui présente de multiples inconvénients.

Enfin, sur 10 maîtres ou maîtresses, seuls de Directeur et la Directrice habitent à l'école, les instituteurs non logés rencontrent de sérieuses difficultés pour trouver un appartement convenable dans le bourg.

 

2 - Les effectifs

 

A l'heure actuelle, 183 élèves sont inscrits au Groupe Scolaire :

- 58 fréquentent l'Ecole primaire de filles (3 classes primaires) ;

- 33 fréquentent les deux classes primaires de l'école de garçons ;

- 92 fréquentent le Cours Complémentaire proprement dit

 tableau13-effectifs

 

Programmes pédagogiques

1 - Evolution des effectifs

a) - Classes primaires

Elles semblent appelées à s'accroître fortement dans les années à venir. Les courbes de natalité laissent percevoir 80 à 90 élèves à l'école de garçons et 100 à 120 élèves à l'école de filles. La prolongation de la scolarité aura d'ailleurs une répercussion sur ces effectifs de l'ordre de 15 %.

b) - Cours Complémentaire

Externat

L'accroissement de la population scolaire susceptible de suivre des études du deuxième degré, l'augmentation du taux de scolarisation, la dispersion possible de l'enseignement secondaire et aussi l'attrait des locaux neufs vont enfler de façon considérable les effectifs du C.E.G. Dans l'immédiat on peut compter sur un minimum de 120 élèves, et il est raisonnable d'en prévoir 160 dans un délai assez proche.

Internat

A l'heure actuelle l'internat est au complet. De nombreux élèves ont été refusés. En raison de l'évolution prévisible des effectifs, il convient de construire des locaux suffisants pour accueillir 100 élèves à l'internat (50 garçons et 50 filles) et 30 élèves demi-pensionnaires (15 filles et 15 garçons). Ces chiffres sont minima.

2 - Nature du projet

Au cours des années précédentes, plusieurs solutions ont été envisagées par la Municipalité. Mais, de l'avis de M. l' Architecte des Bâtiments de France, Conseiller Technique des constructions scolaires, une seule formule peut être retenue, celle qui consiste à construire un Groupe Scolaire entièrement neuf, comprenant :

- une école primaire de garçons (3 classes) avec un C.E.G. annexé (5 classes) doté d'un internat mixte.

- une école primaire de filles (4 classes) dont la classe enfantine.

"En accord avec la Municipalité, le programme des travaux a été établi en ce sens, il a déjà obtenu l'accord de principe de M. le Préfet. Compte tenu de l'urgence qui s'attache à sa réalisation, je souhaite qu'il soit rapidement approuvé, afin que la municipalité puisse acquérir le terrain et charger un homme de l'art de l'étude du projet".

A.J.C, BERTRAND.

Le 11 décembre 1961

L'Amicale Laïque d' ALLEGRE demande à M. le Maire d'attirer l'attention de M. le Préfet sur l'état des locaux à l'occasion de sa visite.

Le Président de l'Amicale laïque écrit à P M. l'Inspecteur d'Académie et à M, le Recteur pour attirer leur attention sur le projet de construction, sur l'état vétuste des locaux, sur le fait que l'internat fonctionne dans des conditions difficiles et les incite à activer la réalisation.

Le 14 décembre 1961

M. le Recteur répond en disant qu'il connaît cet état de fait et que la Commission Académique de la Carte Scalaire l'a classé à l'indice prioritaire A, des opérations à réaliser d'urgence.

Mais la Commission Nationale n'a pu donner suite a ce projet (faute de crédits). L'impossible sera fait à la prochaine réunion et il sera réinscrit en priorité.

Le 2 janvier 1962

On signale à M. le Directeur du C.E.G. qu'au cours d'une réunion de la carte scolaire le projet de construction du C.E.G. d'ALLEGRE n'avait pas été évoqué (pour éviter des incidents, en discuter aurait été inopportun) cependant le problème aurait été évoqué entre un délégué et M. l'Inspecteur Général JULLIEN qui a dit que le projet était en n° 1.

Le 22 janvier 1962

M. l'Inspecteur d'Académie dit qu'il ne perd pas le problème de vue, bien qu'il n'ait pas été inscrit à l'ordre du jour de la Commission Académique de la Carte Scolaire.

• Cependant, le Groupe Scolaire de CRAPONNE est jugé plus urgent sur le plan régional et départemental. ALLEGRE ne sera peut-être pas subventionné en 1962 bien que M. LE PREFET et M. LE RECTEUR appuient inlassablement sa propre action.

Du point de vue technique, M. LE MINISTRE a demandé à M. LE PREFET, le 8 mars 1961, qu'il conviendrait dans un souci d'économie d'étudier la solution comparative avec bâtiment double.

On le voit, beaucoup de lettres échangées, beaucoup de promesses, beaucoup de discussions, mais bien peu de faits concrets.

Aussi, en raison de l'état des locaux qui empire et de l'avancement "rapide" des démarches (il y a alors plus de 10 ans que le problème est à l'étude), l'Amicale Laïque d'ALLEGRE réunie en Conseil d'Administration puis en Assemblée Générale décide d'organiser une manifestation revendicatrice. Une commission restreinte est chargée de l'organisation de cette journée d'action.

Le 27 février 1962, le Conseil d'Administration de l'Amicale Laïque organise la manifestation : affiches - tracts - lettres aux parents d'élèves, aux personnalités du département et du canton, à la presse, aux organismes laïques - désignation des orateurs - la date du 29 avril 1962 est retenue.

Un appel à tous est lancé.

Le 3 mars 1962 M. l'Inspecteur Général BOUISSET est averti et il lui est demandé s'il ne voit pas d'objections à ce qu'une manifestation ait lieu et si cela ne risque pas de nuire à l'avancement des travaux d'étude.

Le 24 avril 1962 : les derniers détails sont fixés. M. CHOSSEGROS présidera aux débats.

LA MANIFESTATION DU 29 AVRIL 1962

Comme en témoigne cet article tout fut fait pour que la population du Canton est des environs soit alertée. Aussi, en ce dimanche après-midi un millier de personnes se retrouvaient. Tous ceux qui avaient été invités étaient présents.

OPERATIONS & AFFICHES » On ne peut en croire ses yeux !

En deux jours, le bourg d'Allègre s'est littéralement couvert d'affiches.

Chaque habitation porte une affiche. Il n'est pas un magasin qui n'ait la sienne.

Cette unanimité s'est faire a propos du Groupe scolaire dont le projet est au Ministère depuis des mois et dont la construction rapide est une urgente et impérieuse nécessité toute la région attend un groupe. C'est un besoin : les centaines d'affichettes rouges, vertes, jaunes, rappellent cette vérité première :

"Un groupe scolaire vétuste,

C'est un pays qui meurt.

Le Groupe scolaire d'Allègre,

C'est le pays prospère !"

photo15-discours1

Les personnalités

1er rang : de G à D : M. Ampilhac Marius (maire d'Allègre), M. Chossegros qui préside la manifestation, M. Martel, conseiller général du Canton

2 ème rang  : M. Roure et Deplagne

 

photo15-discours2

Pendant la déclaration de M. Faure Adrien

Après avoir excusé certaines personnalités empêchées (M. l'Inspecteur d'Académie et MM. les Parlementaires) M. FAURE, Directeur du C.E.G., et Président de l'Amicale Laïque procéda à l'appel des invités :

 

"Pour présider cette manifestation, je propose M. CHOSSEGROS".

Je demande :

M. l' Inspecteur d' Académie,

MM. les Sénateurs et Députés se sont excusés ainsi que M. Laurent EYNAC (membre du Conseil Economique);

MM. BISCARLET et SAGNOL, anciens députés,

M. le Conseiller général d'ALLEGRE et Maire de CEAUX-d'ALLEGRE,

M. le Maire d'ALLEGRE,

MM. les conseillers municipaux d'ALLEGRE,

MM. les Maires du Canton ou leur représentant (MONLET, VERNASSAL, BELLEVUE-la- MONTAGNE, FIX-ST-GENEYS, VARENNES-ST-HONORAT, LA CHAPELLE BERTIN)

MM. les Maires des Communes environnantes (LA CHAISE-DIEU, SEMBADEL, ST-PAL-de-SENOUIRE, CONNANGLES, BERBEZIT, FELINES, COLLAT, STE-MARGUERITE, JOSAT, JAX, ST-PAULIEN, LISSAC, BORNE),

MM.. les Maires qui pouvaient être dans l'assistance et autres élus,

MM. les Membres du Comité départemental d'Action Laïque, ROURE, Secrétaire général du S.N.I., représentant M. BOURDY-DUBOIS, Inspecteur Primaire et Président des Oeuvres Laïques, Fédération des Oeuvres Laïques, F.E.N.

Délégués Cantonaux,

MM, les représentants des organisations politiques, syndicales, et culturelles qui appuient l'action du Conseil d'Administration de l'Amicale Laïque, (S.F.I.0. - P.C. - P.R. et P.R.S. - P.S.U. - C.G.T. - F.0. Libre pensée - Eclaireurs de France - etc...),

MM. les Présidents d'Amicales Laïque, MM. les Représentants de la Presse.

 

photo16-discours de M Faure Adrien
Adrien Faure s'adresse à l'assemblée

 

Au cours de la séance élargie du Comité Départemental d'Action Laïque (C.D.A.L.) de la Haute-Loire, du 13 février 1962, il avait été décidé que deux ou trois réunions à caractère local ou cantonal se tiendraient au cours du printemps. Une revendication essentielle devait être la cause, et les noms de RETOURNAC, d' ALLEGRE et du VAL-VERT avaient été prononcés.

Etait-ce la bonne méthode pour intéresser la population à la question scolaire ? Cela n'est plus douteux et le succès du RASSEMBLEMENT d'ALLEGRE en est le témoignage. Il faut espérer que de telles initiatives vont se renouveler.

A la lumière de ce qui s'est passé, il est possible d'en tirer plusieurs conclusions :

1- en travaillant sur la base cantonale à peine élargie aux Communes environnantes dont certains enfants utilisent le C.E.G. d'ALLEGRE, il a été possible de grouper plus de 1 000 participants à la manifestation,

2 - sept des huit Viaires du Canton, dont le Conseiller Général, étaient présents à la manifestation et ceci malgré des différences d'opinion politique des uns et des autres ; en plus, il faut noter que quatre Maires de Communes voisines avaient tenu à s'associer à cette journée.

3 - la presse régionale quotidienne de tous bords a été obligée d'en donner un compte-rendu assez long ; les hebdomadaires tels que "L'EVEIL" et "RENOUVEAU" dont personne n'ignore leur total dévouement à l'école confessionnelle ont dû se faire l'écho de cette journée.

La démonstration semble fait que l'ensemble de l'opinion publique peut être sensibilisée sur les problèmes concrets qui se posent à l'ECOLE LAIQUE.

Pourquoi l'AMICALE LAIQUE d'ALLEGRE a-t-elle pris l'initiative d'organiser le présent RASSEMBLEMENT, avec l'accord bienveillant de la Municipalité et sous le patronage du Comité Départemental d'Action Laïque ?

Pourquoi avons-nous demandé à tous les élus départementaux, au Conseiller général et à toutes les Municipalités du Canton, à tous les Maires des Communes voisines, à tous les Membres du C.D.A.L. et à toutes les organisations laïques du Département de se rendre à cette manifestation ? Pourquoi tous les parents d'élèves et amis de l'Ecole ont-il été conviés à assurer le succès de cette Journée ?

Ce n'est malheureusement pas pour le plaisir de vous grouper à l'occasion d'une inauguration, dans une salle des Fêtes flambant neuf. Nous aurions préféré, certes, et si nous nous excusons de ne pouvoir vous réunir que dans une cour, d'ailleurs bien exigüe, c'est que nous n'avons pas autre chose à vous offrir.

LE BATIMENT QUI VOUS ACCUEILLE DATE DE 1880. Imaginons un peu la physionomie de cette époque. Les bicyclettes, sans parler des motos et des autos n'existaient pas. La ligne de chemin de fer passant à ALLEGRE n'était pas encore construite. C'était au temps de la diligence et de la marche à pied. De plus, l'obligation scolaire n'était pas encore instaurée, et, avec le recul du temps, nous pouvons féliciter le Maire de l'époque M. GUELLE et son Conseil Municipal, qui avaient compris l'importance de l'instruction et étaient en avance sur la loi elle-même.

Or, depuis, la scolarité obligatoire a été portée à 13 ans, puis 14 ans et maintenant à 16 ans, et ce sont les mêmes locaux qui doivent accueillir nos enfants : VOILA LE SCANDALE DE NOTRE EPOQUE : les lois se succèdent à un rythme accéléré, les décrets se suivent et souvent se contredisent ; mais rien n'est fait pour rendre possible l'application des lois ; les moyens financiers nécessaires ne sont pas prévus.

C'est ce qui se passe pour notre école au détriment de nos enfants. CE SONT DES LOCAUX VETUSTES, INSALUBRES et NETTEMENT INSUFFISANTS qui doivent les abriter.

En HAUTE-LOIRE, en ce qui concerne simplement l'Enseignement Primaire, il y avait, fin 1961, 12 projets de construction ou d'agrandissement de Collèges d'Enseignement Général, et 37 projets de construction d'Ecoles primaires ou Maternelles régulièrement inscrits sur la liste départementale ce qui représentait un total de 180 classes, soit 15 % de celles actuellement en fonction. Les besoins réels de construction et reconstruction s'élèvent environ à 50 %, soit 600 classes primaires ou de C.E.G. pour le Département. La situation de l'enseignement technique et de l'enseignement secondaire n'est pas plus florissante, et 9 projets de création ou d'extension d'établissements attendent le financement.

QUANT A LA SITUATION A ALLEGRE QUELLE EST-ELLE ? Le 4 février 1951 (il y a plus de 11 ans) la Municipalité de l'époque prenait la délibération dont je vais vous donner lecture :

"Le Maire fait un exposé détaillé de l'état défectueux dans lequel se trouvent les locaux scolaires (insuffisance, vétusté, insalubrité). Cette situation, au surplus, "vient de faire l'objet de doléances motivées de la part du "médecin examinateur scolaire, dont il donne communication au "Conseil ; il explique que pour améliorer partiellement l'état "de chose actuel, il serait nécessaire de transformer entièrement le corps de bâtiment scolaire, mais que, sans parler de "la dépense qui serait exorbitante, les locaux, même transformés, demeureraient insuffisants pour les services scolaires "en général et pour les cours Complémentaires en particulier. "Et Le Maire conclut que, tout bien examiné, la construction "d'un bloc scolaire moderne, proportionné aux exigences actuelles de la localité et des environs immédiats, apparait comme "une nécessité inéluctable".

"Le Conseil, après en avoir longuement délibéré, "approuve à l'unanimité la proposition du Maire et demande " à M, LE PREFET de bien vouloir, après l'avoir approuvée, "transmettre, avec son habituelle bienveillance, le vœu 11 présentement formulé à M. L'INSPECTEUR d' ACADEMIE en vue "d'un examen et d'une étude technique".

Elle répondait et répond encore exactement à la réalité, avec une urgence accrue, puisque les effectifs ont pratiquement doublé depuis.

Si le samedi 31 mars de cette année, il y a eu 60 absents pour maladie, dont 34 pensionnaires, il y avait, certes, l'épidémie de grippe, mais croyez-vous que les conditions matérielles déplorables n'y sont pas pour quelque chose ?

 

EXAMINONS UN PEU L'ETAT DE L'ECOLE ET DE SES ANNEXES

Le préau de filles mesure 38 m2 pour 120 élèves, ce qui correspond à 3 enfants par mètre carré ; en pratique, il n'est utilisable que par les petits de la classe enfantine et les filles des classes primaires en temps de pluie. Je me suis également amusé à compter la densité de la population représentée par les 150 garçons et les maîtres quand ils sont sur cette cour de moins de 350 mètres carrés. Et bien : c'est un record ! Cela représente environ 500 000 personnes au Km2. La situation dans les classes n'est pas meilleure. Dans celle de quatrième, qui sert également de couloir, nous avons une surface utilisable de 17 m2, pour abriter 28 élèves et le maître ! Vous pouvez imaginer dans quelles conditions !

La classe enfantine n'est guère mieux lotie - à la différence près qu'elle ne sert pas de couloir - ! Elle mesure 30 m2 pour 36 élèves.

Si je me base sur les instructions du 15 janvier 1927 auquel se réfère Me Robert BRICHET, Docteur en Droit, auteur d'un ouvrage sur "LES CONSTRUCTIONS SCOLAIRES", une Ecole Maternelle devrait comprendre :

1- un vaste vestibule d'entrée formant salle d'attente pour les parents,

2 - un bureau pour la directrice,

3 - un vestiaire,

4 - une salle de récréation,

5 - une salle d'exercices, c'est-à-dire salle de classe,

6 - une salle de repos,

7 - une salle de propreté,

8 - un réfectoire et une cuisine,

9 - des privés,

10 - une cour de récréation,

11 - le logement du personnel.

On croit rêver quand on se trouve en présence de la réalité d'ALLEGRE - et quand en haut lieu, on menace les classes maternelles dans leur structure propre -. Dans ces mêmes instructions, il est dit que la seule salle de classe doit assurer à chaque enfant une surface de 1,50 m2 ce qui exigerait chez nous au moins 54 m2. D'ailleurs, les conditions générales exigent pour une école sans internat 10 m2 de terrain par élève, soit pour nous, 2 700 m2 c'est-à-dire trois cartonnées et demie. Essayez de les chercher autour de vous.

 

MAIS SI LES COURS ET LES CLASSES SONT TROP PETITES QUE DIRE DE L'INTERNAT ?

Le dortoir-grenier du haut pour une surface de 88 m2 a, comme surface éclairante réelle, 16 carreaux de 30/40 cm ce qui représente moins de 2 mètres carrés. Aucun soleil ; aucune aération ! Or, actuellement, on ne donne l'autorisation de construire que si la surface éclairante est au moins égale au 1/6 de la surface totale pour les maisons d'habitation. Il faut de 1/15 à 1/20 pour une porcherie. Nous en sommes nous, à 1 / 44 ..... Alors concluez vous-mêmes. Ajoutons à cela qu'aucune issue de secours n'existe et qu'en cas d'incendie ce serait une catastrophe sans nom qui aurait lieu. Si le dortoir du bas est un peu mieux éclairé, il ne comporte aucun W.C., et les enfants doivent se contenter du seau qu'on appelle "hygiénique" et qui ne l'est guère : pour se débarbouiller, ils ont 8 robinets, ceux du couloir, en plein courant d'air, face à la porte d'entrée. N'allez, bien entendu pas parler de douches ! Où voulez-vous qu'on les mette ? Comment envisager leur fonctionnement alors que le chauffage de l'établissement est assuré par des poêles ? Les dortoirs, eux ne sont pas chauffés du tout pendant six mois, il faut faire de 40 à 50 bouillottes par jour. Enfin, ne doit-on pas faire la cuisine pour 100 rationnaires à midi sur un fourneau de 0,72 m2 ! Comme la cuisine de l'internat est celle du logement du Directeur, il n'est pas possible d'envisager l'achat d'un fourneau plus grand, car les portes seraient alors obstruées.

Au XXème siècle, au siècle où la civilisation technique a fait un bond considérable, le COLLEGE d'ENSEIGNEMENT GENERAL d'ALLEGRE fait figure d'Ecole Préhistorique.

CEPENDANT, LE COLLEGE D'ENSEIGNEMENT GENERAL D'ALLEGRE est-il utile ?

A-t-il rendu des services à la population du Canton et des environs immédiats ? Poser la question, c'est y répondre. Notre école est un des plus vieux Cours Complémentaires du Département puisqu'il a été ouvert en 1908. Des professeurs agrégés, des ingénieurs, des inspecteurs de l'enseignement, un kyrielle d'instituteurs, d'employés des Postes et Télécommunications et d'autres Administrations y ont fait leurs études. Mais combien sont nombreux également les cultivateurs qui y ont passé quelques années ! qui y ont suivi les cours post-scolaires agricoles et qui, maintenant font honneur à la profession paysanne. Quels artisans, quels ouvriers, quels commerçants n'ont pas eu à bénéficier de cette école ? Pour les habitants d'ALLEGRE et des environs immédiats, n'est-il pas intéressant de pouvoir garder ses enfants jusqu'à 15 ou 16 ans, sur place, sans avoir à les mettre en pension ? Et pour les gens des Communes voisines, ne trouvent-ils pas leur compte à les placer comme internes au chef-lieu de Canton, où ils vont régulièrement au marché et où, sans frais supplémentaires ils peuvent leur rendre visite facilement ? Or , nous n'avons à offrir qu'un piètre internat de garçons et aucun internat de filles ! Le problème est grave pour les garçons hébergés - quand ils peuvent l'être, ils sont déjà heureux, malgré les conditions 1 à 17 ans, sans parler des frais supplémentaires que cela entraîne.

 

LA PROSPERITE D'UN PAYS EST UN TOUT

Il est vivant et prend de l'extension si chacun peut y gagner honorablement sa vie et y assurer l'avenir de sa famille. Bon an, mal an, je dois refuser une vingtaine d'élèves sans parler de ceux qui, connaissant la situation pléthorique ne se présentent même pas, devient le refus, faute de place. Cela va-t-il durer ? Le C.E.G. prévu - et dont l'implantation est autorisée par le Ministère depuis le 21 avril 1959 - permet trait d'héberger dans de bonnes conditions, les élèves de la région qui le souhaiteraient. Il permettrait d'accueillir pendant l'été une colonie de Vacances, source de revenus pour les habitants de la localité et également pour la Municipalité qui trouverait là un appoint très important pour lui aider à assurer l'entretien des locaux. Or, que fait-on ? On nous demande de la patience, encore de la patience, toujours de la patience et RIEN ne se fait.

NE VOIT-ON PAS DES HAMEAUX DE NOS REGIONS QUE L'ON COMMENCE A DESENCLAVER QUAND TOUS LES HABITANTS ONT DESERTE ? Notre jeune et distingué Ministre des Finances " Indépendant Paysan" va-t-il attendre pour subventionner notre Groupe Scolaire que toute la population jeune et active de notre région ait fui la campagne ? Veut-on, comme l'écrivait très légitimement le Docteur THEVENON dans un article paru dans " CENTRE DIMANCHE" du 8 avril dernier, faire de nos régions déjà déshéritées du Massif-Central, un désert français ?

* Le Plan d'équipement du MASSIF-CENTRAL ne serait-il pas aussi légitime que le fameux plan de CONSTANTINE ?

Que l'on me permettre de citer quelques chiffres publiés par notre Ministre des Armées Pierre MESSMER dans la "REVUE des DEUX MONDES" du 15 février 1962. L'entretien annuel d'un simple soldat s'élève à 1 200 000 AF. soit plus d'un traitement d'un instituteur. Mais saisons un petit compte. Que l'on ramène le service militaire de 27 à 18 mois et l'argent ainsi économisé sur 150 SOLDATS permettra de trouver la subvention nécessaire pour notre Groupe Scolaire soit 120 millions. Avec un char moyen de 30 à 40 tonnes qui revient à 180 millions d'anciens francs on subventionnerait une fois et demie notre projet. Or, en Haute-Loire, qu'a-t-on reçu comme subvention de Collège d'Enseignement Général ? La deuxième tranche du C.E.G. de LANDOS, soit approximativement de 30 à 40 millions d'A.F. - le 1/4 de char d'assaut - Le Chef de l'Etat, dans une allocution à la télévision, faite le 29 janvier 1960, reconnaissant que la guerre d'Algérie couterait pour la seule année 1960 "1 000 milliards d'A.F.". Avez-vous imaginé qu'avec cette dépense d'une année on aurait pu subventionner près de 10 000 Groupes scolaires semblables à celui que nous réclamons aujourd'hui ? un porte-avion seul ne vaut-il pas 40 milliards d'A.F., valeur correspondant au subventionnement de 220 Collèges d'Enseignement Général ? Je pourrais continuer la comparaison mais je pense que ces chiffres suffisent. Ils ne sont pas flatteurs pour les efforts fournis en faveur de l'Education Nationale.

 

A QUEL SAINT FAUDRA-T-IL SE VOUER ?

Depuis Juin 1958, durant cette période dont d'aucuns vantent ladite stabilité gouvernementale, nous en sommes à notre sixième Ministre de l'Education Nationale. Je les cite : MM. BERTHOIN, BOULLOCHE, GUILLAUMAT par intérim, JOXE, PAYE et maintenant SUDREAU. Ah si nous avions eu, pour la Haute-Loire, un Groupe Scolaire subventionné par Ministre, nous en serions à notre sixième ! Et nous, dont le projet oseille entre le numéro 2 et 3, nous aurions depuis longtemps satisfaction. HELAS, HELAS, HELAS. Nous sommes loin de compte et tout au plus, nous laisse-t-on quelque espoir pour 1964 .... à moins que ce ne soit aux calendes grecques ?

Aussi fallait-il que les parents d'élèves manifestent clairement leur volonté de voir aboutir rapidement leur voeu unanime ; c'est pourquoi aujourd'hui ils sont venus nombreux pour appuyer la Municipalité dans ce projet de réalisation qui est le nôtre. Nous comptons sur tous les présents, sur tous les amis de l'Ecole Publique ici rassemblés pour épauler notre action. A ARLEUX, dans le Nord, les parents allant jusqu'à la grève scolaire ont décroché les crédits pour construire leur école. A ST-ANDRE les LILLES, également, dans le Nord, des promesses leur ont été faites à la suite de manifestations semblables, pour que dès ce mois-ci leur C.E.G. soit construit. A CHAMPIONY, dans la Seine, une action se développe aussi allant dans le même sens. Nous ne sommes malheureusement pas les seuls à protester, car, l'état de dénuement des Ecoles Publiques est une réalité angoissante.

DES DEMARCHES ONT ETE ENTREPRISES. D'AUTRES LE SERONT. Des délégations sont prévues auprès de M. LE PREFET et de M. L'INSPECTEUR d' ACADEMIE de notre Département. Nous espérons demander une audience à M. LE MINISTRE DE LA EDUCATION NATIONALE et nous voulons croire qu'elle nous sera accordée.

A l'issue de ce RASSEMBLEMENT, une motion vous sera soumise. Nous vous demanderons de l'adopter dans l'enthousiasme et d'être prêts à suivre les mots d'ordre qui pourraient vous être donnés pour une action ultérieure.

VIVE LE GROUPE SCOLAIRE NEUF d' ALLEGRE

VIVE NOTRE ECOLE PUBLIQUE.

Puis N. ROURE, au nom du C.D.A.L. devait également prendre la parole pour déclarer que le Comité approuvait pleinement toutes les démarches entreprises et s'indignait qu'un tel Groupe fonctionne dans des conditions aussi lamentables.

A l'issue de ces interventions, M. BAY, parent d'élève devait lire la motion qui fut adoptée à l'unanimité.

"Les parents d'élèves et amis des Ecoles Publiques "d' ALLEGRE (Haute-Loire), réunis le 29 AVRIL 1962 à l'appel "de leur Amicale Laïque

CONSTATENT :

- que depuis plus de dix ans, le projet de Groupe Scolaire est à l'étude,

- que les locaux actuels sont vétustes, insalubres, nettement insuffisants et menacent ruine,

- que l'internat de garçons est installé dans de très mauvaises conditions et ne répond plus aux besoins,

- QU'IL N'Y A PAS D'INTERNAT POUR LES JEUNES FILLES.

- que chaque année une vingtaine d'élèves sont écartés de l'école, faute de place.

REGRETTENT :

- que les lenteurs administratives et le manque de fonds mis à la disposition des constructions scolaires retardent le subventionnement du projet et, par là même sa mise en exécution qui ne peut être entreprise sans aide par une municipalité dont les ressources ne permettent pas d'avance de financement.

DECIDENT :

1 - d'organiser des délégations auprès de M. LE PREFET et de M. l'INSPECTEUR d' ACADEMIE de la HAUTE-LOIRE ;

2 - de solliciter une audience auprès de M. LE MINISTRE de l'EDUCATION NATIONALE pour lui exposer l'urgence des besoins ;

3 - de répondre à tout appel de la Commission Administrative de l'Amicale Laïque des Ecoles Publiques d' ALLEGRE pour continuer l'action, appel pouvant aller jusqu'à la grève scolaire si des engagements précis de subventionnement et des constructions très rapides du GROUPE SCOLAIRE ne sont pas arrêtées au cours des démarches entreprises,

TOUS LES PARTICIPANTS DECIDENT de rester au coude à coude pour obtenir la construction de LEUR GROUPE SCOLAIRE et pour assurer la dignité et la défense de LEUR ECOLE PUBLIQUE.

Pour clore cette manifestation un défilé devait avoir lieu dans les rues d' ALLEGRE précédé des enfants portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire :

Classe Spacieuse

Jeunesse Studieuse

                                                                                                        

Espace Vital

dans les Classes

dans la cour

au dortoir

Chacun chez soi

Les rats au galetas

Nous au dortoir

Non au perchoir.

Le lendemain, la motion adoptée fut adressée à

- M. l'Inspecteur d'Académie,

- M. le Recteur,

- à M. le Préfet, et

- à tous les Parlementaires.

Que se passa-t-il par la suite ?

Naturellement, après cette manifestation, il y eut de nouvelles promesses de financement mais quelques mois suffirent pour se rendre compte qu'Allègre ne serait pas subventionné avant un et même deux ans.

Aussi, dès la rentrée 1962-1963, M. FAURE, au nom de l'Amicale Laïque d' ALLEGRE, adressa à tous les Maires, dont les Communes sont intéressées par cette construction, la lettre suivante :

 

Monsieur le Maire de la Commune de

Monsieur le Maire,

"Au nom de l'Amicale Laïque des Ecoles Publiques d'ALLEGRE, j'ai eu le plaisir de constater que, lors du Rassemblement du 29 avril, vous aviez tenu à vous associer à cette manifestation, montrant par là tout l'intérêt que vous portiez au projet de construction du C.E.G. d'ALLEGRE et je vous en remercie.

Je vous serais très obligé, si, lors de la prochaine réunion de votre Conseil Municipal vous consentiez à lui soumettre le vœu ci-joint et vous lui demandiez de l'adopter. Vous voudriez bien en ce cas le transmettre à M. LE PREFET et, si possible, nous en adresser une copie.

Dans l'espoir que vous voudrez bien apporter votre appui à cette nouvelle démarche, je vous prie d'agréer, Monsieur le MAIRE, l'expression de mes salutations les meilleures"

Le Président de l'Amicale,

 

 

Le Conseil Municipal de la Commune de .... réuni le .......

sous la présidence de Monsieur le MAIRE,

 - CONSIDERANT que des enfants de la commune fréquentent régulièrement le Collège d'Enseignement Général d' ALLEGRE,

 - CONSTATANT

que les locaux scolaires qui reçoivent ces enfants ne correspondent plus aux besoins, sont très vétustes et trop exigus,

que l'internat de garçons fonctionne dans de très mauvaises conditions de salubrité,

qu'aucun internat de filles n'existe.

 - EMET LE VOEU que le projet dépose par la Commune d'ALLEGRE soit le plus rapidement subventionné afin que le nouveau C.E.G. puisse être construit dans les meilleurs délais.

 

Le 10 novembre 1962, le Conseil Municipal d'ALLEGRE confirme son appui et adopte le voeu.

 

D'autres Municipalités feront de même (BELLEVUEla-MONTAGNE, LA CHAPELLE BERTIN, JAX, ST-PAX de SENOUIRE, JOSAT, CONNANGLES, VARENNES, BERBEZIT, SEMBADEL).

Entre temps, au cours d'une réunion de la Commission des Constructions scolaires, le 20 octobre 1962, la construction du Groupe d'ALLEGRE devait être évoquée. Voici le rapport établi par M. l'INSPECTEUR d' ACADEMIE. Cet avant-projet est le dernier, et celui dont on attend, avec impatience, le financement. Il fut adressé au Ministère fin 1962.

 

CONSTRUCTION d' UN GROUPE SCOLAIRE A ALLEGRE : Ecole de garçons, école de filles et C.E.G. mixte avec internat.

Le Groupe Scolaire actuel est notoirement insuffisant et les solutions de fortune auxquelles la Municipalité a dû recourir pour accueillir les effectifs de plus enplus nombreux ne constituent que des palliatifs inadmissibles au point de vue pédagogique comme au point de vue hygiène et même moral.

L'avant-projet présenté prévoit la construction d'un groupe scolaire comprenant :

- une école de garçons à 3 classes + une salle de T.P.

- une école de filles à 3 classes + une salle d'enseignement ménager,

- un C. E.G. mixte de 5 classes avec une salle de sciences et un internat de 100 places ( 50 filles et 50 garçons) susceptible d'accueillir 130 rationnaires dans les réfectoires,

- une salle d'éducation physique avec dépendances.

L'avant-projet établi respecte strictement le programme des travaux approuvé par M. le Ministre de l'Education Nationale, le 21 avril 1959, sauf en ce qui concerne la classe enfantine demandée pour l'école de filles, qui a été supprimée à la demande de M. le MINISTRE, son aménagement étant prévu dans l'école actuelle plus centrale et d'accès plus facile pour de jeunes enfants.

L'architecte a utilisé au mieux le terrain mis à sa disposition. Le dégagement semble assuré, ainsi que les prospects règlementaires.

Contraint de construire un bâtiment à double orientation à la demande de la D.E.S.U.S., l'architecte a pu retenir l'orientation Est-Ouest et éviter l'orientation Nord peu souhaitable à ALLEGRE, compte tenu du climat.

Le branchement en eau potable est effectué sur la conduite de la ville.

L'assainissement sera assuré par fosses septiques et champ d'épandage.

L'accès se fera par rectification et élargissement du chemin d'exploitation Nort, depuis la route d'ALLEGRE à Courbières.

Les normes dimensionnelles des locaux d'externat et d'internat sont respectées dans l'ensemble. Les dégagements sont suffisants, comprenant un large escalier à chacune des extrémités Nord et Sud du bâtiment et un escalier de secours au centre.

Une rectification a été apportée au plan initial (dégagement plus important au droit de la travée centrale des lavabos côté nord).

Par ailleurs l'architecte a tenu compte des observations formulées par M. l'Inspecteur d'Académie.

C'est ainsi que la surface des foyers a été portée à 42,5 m².

 

- il a été prévu au premier étage, côté Est au centre, deux W.C. et un lavabo, le bureau médical comportera trois cabines de déshabillage seulement au lieu de six, deux étant supprimées au profit du laboratoire d'analyses avec évier, le sixième servant de passage d'entrée au bureau.

- sont aménagés dans les bureaux administratifs, un local d'archives et une salle d'attente (au total 15 m² de surface).

En principe, les logements prévus sont destinés :

- au Directeur de l'école de garçons et du C, E.G. ,

- à la directrice de l'école de filles.

Le Comité remarque avec M. l'Inspecteur d'Académie que ces deux logements devraient avoir la même surface et comporter chacun le même nombre de pièces quatre pièces principales + cuisine + salle d'eau) afin de respecter les droits de chacun des occupants.

En outre, il serait bon de prévoir un bûcher servant de débarras pour chaque logement.

Or, le logement destiné à la Directrice de l'école de filles n'a que trois pièces.

L'architecte a précisé à ce sujet qu'il est possible de prévoir une pièce de plus en réduisant le dortoir contigüe et que deux caves seront aménagées au sous-sol.

Le Comité regrette également que les cuisines de ces logements n'aient aucune ouverture sur l'extérieur et que les W.C. et salles d'eau ne comportent ni arrivée d'air frais, ni évacuation d'air vicié.

L'architecte précise que des gaines seront prévues à cet effet et qu'il est possible de modifier l'implantation des logements et la distribution des pièces afin de pallier les inconvénients signalés.

Salle d'Education physique :

La salle d'Education physique devant permettre la pratique du volley-ball, il est indispensable que ses dimensions soient respectées (20 x 11,5 x 5,5 de hauteur sous plafond au lieu de 19 x 12,1 x 5 comme il est porté sur le plan).

L'architecte déclare qu'il n'y a aucune difficulté à adopter ces dimensions, le pavillon abritant cette salle étant complètement indépendant.

En outre, il serait souhaitable que l'aménagement de cette salle permette de l'utiliser comme salle de réunions ou de fêtes scolaires.

 

DISPOSITIONS D'ORDRE ARCHITECTURAL.

 

Le Conseiller Technique fait remarquer que si les volumes proposés sont simples, une étude plus approfondie devrait permettre d'améliorer l'aspect des cages d'escalier et de l'avant-corps prévu au rez-de-chaussée sur la façade Ouest.

Mais l'architecte précise :

- que les cages d'escaliers peuvent être placées entièrement à l'intérieur, mais dans ce cas, la surface est augmentée et la surface éclairante des salles diminuée.

- que l'avant-corps est nécessité par les surfaces normalisées des foyers et préaux établis obligatoirement au rez-de-chaussée et que cette avancée n'est pas inesthétique.

 

ASPECT FINANCIER

 

Les prévisions ont été établies conformément aux instructions en vigueur et n'appellent pas de remarques sérieuses. L'architecte signale que l'augmentation de la surface des foyers (17,84m²) représente une augmentation de dépense de 721,30 NF ce qui porte le devis d'ensemble à la somme de 1 455 181 NF au lieu de 1 447 968 NF.

De l'avis de M. le Conseiller Technique, une étude plus approfondie de la prévision des dépenses serait nécessaire en ce qui concerne notamment :
- les détails des locaux d'internat,
- l'aménagement des cours,
- les plantations et l'équipement sportif.

Pour l'essentiel et en dépit des remarques de détail formulées, le Comité estime que l'architecte a tenu compte des observations des différents services. Cet avant-projet ayant été étudié en accord avec les services de la D.E.S.U.S. le Comité donne un avis favorable au dossier présenté sous réser ve que l'architecte rectifie l'implantation des deux logements, augmente d'une chambre le logement de la Directrice et étudie une meilleure distribution des pièces, au besoin en allongeant le bâtiment d'une ou deux travées, mais en conservant l'accès à l'escalier de secours central.

Compte tenu des modifications demandées par le Comité, la dépense subventionnable atteindra approximativement 1 670 000 NF, honoraires compris.

Depuis les démarches continuent. L'Amicale Laïque adresse régulièrement de nombreuses lettres à la Préfecture dans lesquelles elle met l'accent sur l'état de plus en plus alarmant des conditions actuelles de travail et d'hygiène du Groupe.

 

Le 18 juin 1963

M. le Ministre répondit à une lettre de M. LE PREFET de la Haute-Loire en lui disant qu'ALLEGRE était susceptible de se réaliser en 1964 mais pas de promesses fermes car la Loi de Finances doit donner des crédits, mis à la disposition de M. le MINISTRE, pour les constructions scolaires.

Cependant, tout dernièrement, à la suite d'un nouvel échange de lettres entre le Ministère de l'Education Nationale et M. LE PREFET, il fut répondu à ce dernier que le dossier concernant le Groupe Scolaire d'ALLEGRE n'avait pas été examiné depuis 1962. Indigné, M. LE PREFET proteste énergiquement et de nouvelles assurances lui furent adressées.

La Municipalité d' ALLEGRE, depuis toujours favorable à cette création, ne reste pas inactive et le 17 février 1964 au cours d'une réunion du Conseil Municipal, celui-ci devait s'émouvoir du retard apporté à la construction et adresser une motion à M. LE PREFET.

 

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* J'ai eu d'ailleurs l'occasion de rencontrer Monsieur Marius AMPILHAC, Maire d'ALLEGRE et j'ai pu constater à quel point la Municipalité avait placé ce problème parmi ses préoccupations les plus chères. M. LE MAIRE devait d'ailleurs me rappeler l'action de son prédécesseur M. Pierre CHARRETIER, décédé depuis un an, et qu'il a remplacé en cours de mandat. Depuis cette délibération de son Conseil Municipal, du 10 octobre 1952, M. CHARRETIER avait inlassablement relancé le problème, étant conscient de ce que pouvait apporter un Groupe Scolaire, neuf à ALLEGRE. " Moi même me dit M. LE MAIRE, depuis un an, je m'occupe activement de ce projet et au mois de février, le Conseil a d'ailleurs adopté une motion à ce sujet. Avec mes adjoints : M. CHARRETIER Jean, fils de notre regretté Maire et M. DIOUDONNAT, nous nous rendons chaque fois qu'il le faut auprès de M. LE PREFET pour appuyer nos démarches et celles entreprises par l'Amicale Laïque d'ALLEGRE. Mon vœu le plus cher est de voir sortir de terre un magnifique Groupe Scolaire dans les plus brefs délais. Nous savons tous dans quelles conditions lamentables fonctionne le Groupe actuel aussi, dès que le projet sera financé, nous entreprendrons tout ce que l'on pourra pour que les adjudications aient lieu rapidement".

M. le Maire conclut cet entretien en me disant qu'il avait beaucoup d'espoir de voir aboutir toutes les démarches en 1964. " Nous ferons alors tout pour qu'ALLEGRE n'attende pas encore 12 ans pour avoir son Groupe Scolaire".

* Après cette entrevue pleine d'espérance, j'ai voulu connaître le point de vue de M. Ernest MARTEL, Conseiller Général du Canton d'ALLEGRE.

Au cours de plusieurs réunions publiques et dans ses dernières professions de foi, M. MARTEI avait toujours mis au premier plan le projet du Groupe Scolaire d' ALLEGRE.

Bien qu' habitant CEAUX - d'ALLEGRE, un petit village à 4 km du chef-lieu de Canton, M. le Conseiller général tient à ce que cette construction soit financée. "ALLEGRE se doit de posséder un Groupe Scolaire à sa taille, capable de recevoir tous les enfants du canton ; c'est une des réalisations qui peut empêcher le dépeuplement de nos villages. Il y a beaucoup de ménages qui partent en ville pour y chercher du travail, mais aussi et surtout pour que leurs enfants puissent recevoir une bonne éducation dans des conditions satisfaisantes".

Puis j'en vins à demander à M. MARTEL ce qu'il avait entrepris pour faire avancer le projet. Il me répondit "A chacune de mes entrevues avec M. LE PREFET j'évoque le problème Scolaire à ALLEGRE, dernièrement au cours de la session du Conseil Général, j'ai émis un vœu et la réponse me laisse croire que le projet sera financé cette année".

Pour conclure, M. LE CONSEILLER GENERAL me fit part de ses désirs les plus chers,

"De part mon origine paysanne, j'attache une grande importance à tout ce qui touche l'agriculture, en particulier je voudrais que le marché d'ALLEGRE continue à être un des meilleurs de la Haute-Loire. De plus en plus des fermes sont abandonnées, des jeunes ménages s'en vont vers la ville,

Je pense qu'un Groupe Scolaire, pouvant accueillir dans l'excellentes conditions tous les enfants du canton, apportera à ALLEGRE où les usines ne manquent pas, un second élément susceptible de retenir les gens. Groupe Scolaire neuf et marché soutenu voilà mes deux objectifs, le premier devrait se régler cette année, quant au deuxième ce sera beaucoup plus difficile et de plus longue haleine".

 

VOEU présenté par M. MARTEL, Conseiller général du Canton d'ALLEGRE, à la session de Mai 1964.

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Voeu renouvelé pour que le projet de construction du Groupe Scolaire d'ALLEGRE (primaire et secondaire) soit mis en oeuvre dans les meilleurs délais.

Réponse : Le projet de construction du Groupe Scolaire d'ALLEGRE a été retenu au programme des réalisations de 1964 et sera financé très prochainement.

Les bâtiments actuels sont trop exigus en raison du nombre d'élèves.

* Ces deux entrevues font apparaître que le projet est le souci constant de tous ceux qui sont chargés "d'administrer" la commune et le canton. 1964 sera-t-elle l'année du financement tant attendu ? Tous espèrent et semblent confiants.

* Après les points de vues de M. LE MAIRE et de M. LE CONSEILLER GENERAL d'ALLEGRE, je me suis rendu à l'Inspection Académique, où je fus reçu fort aimablement par M. CUBIZOLLES (M. l'Inspecteur d'Académie étant absent)

Après lui avoir expliqué le but de ma visite, celui-ci m'a déclaré :

"L'avant-projet concernant la construction d'un Groupe Scolaire à ALLEGRE est fort avancé et nous espérons voir aboutir nos démarches dès cette année. 1963, fut "l'année de CRAPONNE, 1964 devrait être celle d'ALLEGRE." Le retard apporté au financement est dû d'une part à quelques remaniements sur le plan construction, et d'autre part à des difficultés administratives. En effet, d'après les derniers décrets, il est prévu des crédits pour subventionner de petites créations ou extensions faibles de C.E.G. ce qui n'est pas le cas d' ALLEGRE. Cependant, il sera certainement possible d'obtenir le subventionnement d'ALLEGRE, puisque ce projet est antérieur à la nouvelle règlementation. En ce qui concerne notre propre action, je vais vous remettre le dossier complet sur ALLEGRE, et vous pourrez constater que nous ne demeurons pas "inactifs".

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Modifié à la suite d'une lettre du ministre demandant l'étude d'un bâtiment à double orientation

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Cette fiche résume en quelque sorte les différentes démarches positives depuis 1959. Cependant elle ne fait pas apparaître que le projet date de 1952 (j'ai d'ailleurs retrouvé dans le dossier que m'a remis M. CUBIZOLLES des lettres datant de 1952 qui montrent que la Municipalité d'ALLEGRE avait pris le problème en considération à cette époque).

De l'étude du volumineux dossier concernant ALLEGRE, je constate qu'il y a eu de nombreux échanges de correspondances entre M. le Préfet de la Haute-Loire, M. l'Inspecteur d'Académie et M. le Ministre de l'Education Nationale.

* Je me suis contenté de relever la correspondance de 1964.

Le 22 janvier 1964

Le Préfet de la Haute-Loire

à

Monsieur le MINISTRE de l'Education Nationale Direction de l'Equipement Scolaire Universitaire et Sportif

Objet : Construction de Collèges d'Enseignement Général envisagée pour 1964.

Référ : Lettres circulaires 63/15 du 18 juin 1963 et CAB/H no 20 du 20 juillet 1963.

Par lettres circulaires visées en référence, vous avez bien voulu me faire connaître que le projet concernant la construction d'un Collège d'Enseignement Général à ALLEGRE, était inscrit sur la liste des opérations susceptibles d'être financées au titre du budget 1964.

Le dossier vous a été adressé le 15 décembre 1962 et n'a fait, jusqu'à ce jour, l'objet d'aucune observation de la part de vos services.

Etant donné les conditions déplorables dans lesquelles fonctionne le C.E.G. actuel, maintes fois signalées au cours de mes précédentes correspondances, cette réalisation présente un caractère d'urgente nécessité.

Aussi, vous serais-je reconnaissant de bien vouloir me faire connaître si le financement de ce projet peut être espéré à brève échéance, afin que les travaux puissent débuter sans retard.

Le Préfet,

Signé ; J. PENEL.

Le 29 janvier 1964

Monsieur le Préfet de la Haute-Loire 3ème Division - 1er Bureau

Construction du C. E.G. d'ALLEGRE.

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint copie d'une lettre que je fais parvenir par ce même courrier à M. le Ministre de l'Education Nationale pour lui rappeler l'urgence du projet de construction du C.E.G. d'ALLEGRE.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir intervenir de votre côté si vous le jugez possible afin que cette réalisation si impatiemment attendue puisse enfin aboutir.

L'Inspecteur d'Académie ,

A.J.C. BERTRAND.

Le 29 Janvier 1964

Monsieur le MINISTRE de l'EDUCATION NATIONALE
Direction de l'Equipement Scolaire, Universitaire et Sportif
107, rue de Grenelle
- P A R I S Vlle -

Construction du C.E.G. d'ALLEGRE.

J'ai l'honneur d'attirer à nouveau votre attention sur l'urgence qui s'attache à la réalisation du projet de construction du C. E.G. d' ALLEGRE.

Comme vous le savez, cet établissement fonctionne dans des conditions absolument déplorables qui ne font que s'aggraver d'année en année par suite de l'accroissement des effectifs.

Le dossier d'avant-projet, modifié en fonction des observations formulées par le Comité Départemental des Constructions Salaires dans sa séance du 18 octobre 1962 vous a été adressé le 15 décembre 1962 par M. le Préfet de la Haute-Loire. D'autre part, l'opération se place en deuxième position sur la liste des C.E.G. de l'Académie susceptibles de figurer au programme 1964. (cf. votre lettre n° 1162 du 18 juin 1963.).

Par suite, et compte tenu de la légitime impatience de tous les parents d'élèves, je vous serais particulièrement reconnaissant de bien vouloir agréer, et subventionner le présent projet dans les délais les plus rapides afin que la mise en adjudication et la mise en chantier puissent intervenir dans les prochaines semaines,

L'Inspecteur d'Académie,

A.J.C. BERTRAND.

MINISTERE de l'EDUCATION NATIONALE
Direction de l'Equipement scolaire, Universitaire et Sportif

PARIS, le 20 février 1964

à Monsieur l'Inspecteur d'Académie de la Haute-Loire - LE PU Y -

Objet : Construction du C.E.G. d'ALLEGRE.
Référ : Votre lettre n° 82/64/SP/NR du 29 janvier 1964.

Par lettre citée en référence, vous avez bien voulu appeler non attention sur le financement du C.E.G. d' ALLEGRE.

J'ai l'honneur de vous faire connaître que ce projet qui figurait en 1963 simplement au titre d'opération de réserve, est retenu au programme des réalisations de 1964.

Son dossier est en cours d'études et le financement pourra intervenir dès que possible.

Pour le Ministre et par autorisation Le Directeur de l'Equipement Scolaire, Universitaire et Sportif.

Signé : G. MARC.

Enfin, le 28 avril 1964, au cours d'une communication téléphonique avec le D.E.S.U.S., il fut répondu à M, CUBIZOLIES

"que le dossier d' ALLEGRE est toujours à l'étude. Une décision interviendra peut-être dans le courant du mois de mai, sans qu'on puisse donner une assurance formelle.

* Encore une fois ces lettres montrent que le financement est proche, mais aura-t-il lieu en 1964 ? Est-ce qu'une intervention de M. LE DEPUTE RAFFIER pourrait hâter les démarches et le financement tant attendu ? Pour le savoir, je me suis rendu au siège de l'U.N.R. au PUY, où je suis reçu par un des proches collaborateurs de M. LE DEPUTE.

Après lui avoir exposé le but de ma visite, je fus très étonné de constater que mon interlocuteur ignorait tout de cette construction à ALLEGRE.

"Nous ne savions pas qu'un projet de construction concernant un Groupe Scolaire à ALLEGRE dormait depuis 12 ans. Nous n'avons jamais été sollicités et il n'y eut aucune correspondance échangée entre M. LE DEPUTE et la Municipalité d'ALLEGRE".

Pensez-vous qu'une intervention de M. LE DEPUTE puisse hâter le financement ?

"Non seulement je le pense, mais je ne crois pas trop m'avancer en vous disant que son intervention fera sortir les crédits nécessaires. Comme pour LANGEAC, il suffit certainement d'un petit coup de pouce".

Au cours d'un de ses voyages à PARIS, M. LE DEPUTE se fera un plaisir d'entreprendre les démarches à condition toutefois que la Municipalité d' ALLEGRE le lui demande par lettre".

Cette dernière entrevue apporte un élément nouveau. Il semble en effet que M. le Maire d'ALLEGRE devrait, au plus vite, contacter M. LE DEPUTË, puisque celui-ci est tout disposé à l'aider.

Cette suggestion je l'ai faite tout dernièrement à M. LE MAIRE d'ALLEGRE. A son tour ce dernier fut fort surpris lorsque je lui appris que M. LE DEPUTE RAFFIER ignorait tout d' ALLEGRE. Il me proposa alors de me montrer une lettre toute récente adressée à M. LE DEPUTE dans laquelle M. LE MAIRE lui demandait de l'introduire courant mai, auprès de M. LE MINISTRE de l'EDUCATION NATIONALE. Cette lettre demeura sans réponse.

Voilà le problème d' ALLEGRE : une correspondance importante où toujours quelqu'un ne répond pas dans les délais demandés ce qui fait que le projet traîne depuis de nombreuses années. Certains ignorent les faits ou veulent les ignorer. De toute façon, depuis le mois de mai, les interventions sont de plus en plus pressantes et nombreuses.

L'amicale Laïque d'ALLEGRE et la Municipalité veulent leur Groupe.

"Nous l'aurons, m'a dit M. LE MAIRE, les premières semaines de JUIN doivent être décisives".

CONCLUSION

Je terminerai cette étude du Groupe Scolaire d'ALLEGRE en dégageant ce que peut apporter cette construction au Canton et à son chef-lieu.

* Tout d'abord un Groupe Neuf entraînera un afflux nouveau d'enfants sur ALLEGRE, et par là même de parents. Les marchés subiront eux aussi le contre coup. Si le nombre d'internes passe de 50 à 100 ; si les demi-pensionnaires sont plus nombreux et surtout si tous sont accueillis dans d'excellentes conditions, beaucoup de parents du canton délaisseront CRAPONNE ou le PUY, puisque ALLEGRE offrira les mêmes garanties que ces deux centres. D'autre part, si un internat de filles existait et fonctionnait dans de bonnes conditions, il ferait concurrence à l'internat de l'école privée d' ALLEGRE prospère à l'heure actuelle, parce que les parents savent que leurs enfants y sont en sécurité, ce qui n'est pas le cas à l'Ecole Laïque.

* Un Groupe Scolaire pouvant recevoir cent pensionnaires ne pourrait-il pas un jour abriter une colonie pendant les vacances ?

* Pourquoi cette construction n'entraînerait-elle pas la création d'un quartier neuf à ALLEGRE !

* Un centre d'enseignement ménager se justifierait pleinement ; cette création risque d'être envisagée si le Groupe Scolaire se construit.

* Sur le plan scolaire, la carte scolaire prévoit un regroupement avec LA CHAISE-DIEU À ALLEGRE, dans un Collège d'Enseignement Secondaire. Ce rapprochement ne pourra avoir lieu que si ALLEGRE est susceptible de recevoir un nombre d'enfants assez important.

* Au point de vue des enfants, une école adaptée, spacieuse, propre leur permettra de travailler dans de bonnes conditions d'hygiène et surtout de sécurité. Le travail pourra alors être organisé rationnellement, la vie à l'internat sera plus agréable, les internes auront des loisirs et de l'espace. Enfin, directeur et professeurs travailleront dans des locaux scolaires dignes de ce nom.

C'est parce que le Groupe Scolaire apportera quelque chose de primordial sur le plan scolaire et économique que tous à ALLEGRE se battent pour voir aboutir leurs démarches,

ALLEGRE FUT LE PREMIER C.C. DE LA HAUTE-LOIRE, ON SE DOIT DE NE PAS LE LAISSER MOURIR, UN C.E.G. NEUF SE JUSTIFIE LARGEMENT.

IL FAUT CONSTRUIRE

Le 30 mai 1964

signature

 

 

 Document original fourni par Christian Marrel - numérisé et mis en ligne par Alain Bernard - 23 février 2018